Par Guillaume Vermette
Clown humanitaire
Bonjour à vous, chers amis du Québec ! J’espère que tout va bien dans la Belle Province. De mon côté, il s’en est passé des choses depuis mon dernier photoreportage dans L’Itinéraire, il y a un an. J’en ai vécu des aventures et j’en ai vu des pays (20, pour être exact) ! J’ai été témoin de choses horribles et de nombreuses réalités difficiles. Mais ce dont j’ai envie de vous parler, c’est des belles choses que j’ai vues. Des moments touchants, qui me resteront gravés en mémoire pour la vie. Des gens formidables et inspirants, qui ont croisé mon chemin. Voici donc quelques-uns de mes moments coups de cœur, en photos et en réflexions.
27 octobre 2016 – GRÈCE
À chaque fois que j’amuse les enfants dans le camp de réfugiés de Fenaromeni, il y a toujours la même gang de papas qui se tiennent en marge pour nous observer les bras croisés et l’air perplexe. Jusqu’au jour où l’un d’entre eux, un peu gêné, s’est joint à nous, alors qu’on jouait à Quack Quack Woof. Quand les autres papas l’ont vu courir en riant aux éclats et en criant « Quack, Quack… WOOOF !!! »… quelque chose de formidable s’est produit : tous les papas du camp de réfugiés se sont dirigés vers nous, l’air déterminé, non seulement de jouer, mais de gagner au jeu ! Parce que les adultes aussi ont besoin de s’amuser, surtout plus dans ces conditions horribles où ils sont enfermés, à ne rien faire.
14 décembre 2016 – BURKINA FASO
Ici, tout le monde se salue dans la rue. Les amis, la famille, les inconnus, les jeunes, les vieux, les Noirs et les Blancs. Partout des « Bonjour ! » et « Bonsoir ! » très enthousiastes. On se lance : « Comment ça va chez vous ? Comment va la famille ? La santé ? La tante ? Le chien ? Le chat ? ». Si quelqu’un mange, il te dira : « Vous êtes invités ! ». Même les plus pauvres sont toujours prêts à partager leur repas avec vous. Ce n’est pas pour rien qu’on appelle le Burkina Faso « le pays des hommes intègres ». Les gens sont incroyablement gentils, généreux et souriants. Croyez-moi, on a beaucoup à apprendre d’eux. Tandis que chez nous, les gens peuvent se sentir seuls même lorsqu’ils sont entourés de gens… Ici, la solitude n’existe pas. Il suffit de tendre la main pour se faire des nouveaux amis.
18 décembre 2016 – BURKINA FASO
Surprise ! Au beau milieu de la savane africaine, je suis tombé sur Étienne, un ancien prof de géo, qui accompagnait dans le passé des étudiants en stages humanitaires. Le Burkina a carrément changé sa vie. Il y a cinq ans, une fois retraité, il a décidé de redonner à l’Afrique un peu de la lumière qu’elle lui a donnée. Il travaille maintenant comme professeur bénévole dans les écoles. Il dit : « Je possédais plein de choses… mais en bout de ligne, ça sert à quoi ? Alors j’ai tout donné à différents organismes. C’est ce que j’aime de l’Afrique : être, plutôt qu’avoir. »
19 février 2017 – BIRMANIE
Je donne de mon temps dans des villages de réfugiés karens, où vit isolé et en pleine jungle un peuple autochtone persécuté depuis des dizaines d’années. Certains enfants n’ont jamais encore vu de Blancs… Réticents au premier contact, ils finissent par de grands éclats de rire ! Je suis hébergé par une magnifique famille karène, avec qui je cuisine les mets typiques et partage les repas. Je dors pratiquement à la belle étoile, dans une espèce de hutte et ma douche est un gros baril d’eau. Ce mode de vie me fait un bien fou. Des fois, je me demande si c’est pas nous qui avons besoin d’aide… avec tous ces besoins qu’on s’invente et notre vie inutilement stressante.
24 février 2017 – BIRMANIE
C’est un véritable privilège de me faire inviter à partager toutes sortes de coutumes et de traditions à travers la planète. Je me rends compte que dans le fond… on est tous pareils !
24 avril 2017 – RUSSIE
Me voici dans un orphelinat pour enfants handicapés, à Moscou. On ne m’a autorisé qu’à voir une trentaine d’entre eux pendant une heure seulement. Ils sont tous là, à m’attendre, avec les yeux qui brillent. Immédiatement, ils me sautent dessus pour me faire des câlins et crier de joie : « GUI-OM ! GUI-OM ! GUI-OM ! ». Ils me connaissent tous et certains depuis plusieurs années. Je sais que cette visite, bien que trop courte, représente beaucoup pour eux.
30 avril 2017 – RUSSIE
La belle Alina, 8 ans, ne parle pas et ne bouge pas. Elle a une maladie génétique très rare. Branchée à un million de tubes et de machines qui la tiennent en vie, elle observe. Beaucoup. À mes début dans ce métier, j’aurai figé. « Mais qu’est-ce que je fais ici ? Comment je peux bien interagir avec elle ? » L’expérience m’a enseigné que la meilleure chose à faire, peu importe la situation, est d’être là, tout simplement. Avoir confiance que si quelque chose doit se passer, ça va se passer. Ça fait que je lui ai tenu la main et je l’ai regardée droit dans les yeux très longtemps et avec un grand sourire. Puis, j’apprends que quand Alina cligne des yeux deux fois, ça veut dire « oui ». Donc, elle a pu me dire plein de choses !
28 mai 2017 – KUUJUARAPIK (CANADA)
Je suis à Kuujjuarapik, un village inuit d’environ 750 personnes, au Nunavik. Cette communauté est complètement isolée, accessible seulement par avion et loin de tout sauf de Whapmagoostui, une communauté Crie d’environ 800 personnes, qui est tellement proche que les deux villages s’entremêlent. Il paraît que c’est unique au monde, deux villages autochtones de cultures différentes, isolés et qui cohabitent ensemble. C’est un véritable privilège d’être ici, à offrir tout plein de spectacles, d’animations et d’ateliers pour les enfants. Je me sens si petit à côté de la nature grandiose qui m’entoure. Les paysages sont à couper le souffle, avec la baie d’Hudson devant moi et les aurores boréales qui dansent au-dessus de ma tête le soir. Les gens sont très gentils et il y règne une ambiance de simplicité, qui impose le calme et le bien-être.