Le concept de transfuge de classe n’est pas nouveau, mais le terme connait un plus grand rayonnement depuis que le sociologue et animateur radio Jean-Philippe Pleau a écrit Rue Duplessis, ma petite noirceur, un livre biographique fort populaire sur le sujet.
Il en discute d’ailleurs dans cette édition avec notre journaliste Simon Bolduc et deux participantes de L’Itinéraire, attablés pour l’occasion autour d’un bon repas de poulet St-Hubert. Affable et très ouvert, M. Pleau était vraiment dans son élément, et on le ressent à la lecture de cette entrevue aussi conviviale que porteuse de réflexion. Au Québec, nombreuses sont les personnes issues de milieux défavorisés qui se sont extirpées de la pauvreté autant financière que culturelle et éducative pour prendre leur juste place dans des domaines intellectuels ou autrefois réservés à une certaine élite.
Dans un passé pas trop lointain, la séparation des « classes » était institutionnalisée. Les gens de « bonnes familles » étaient considérés supérieurs à ceux provenant des milieux populaires. Et bien que dans certains milieux il existe encore une élite renfermée dans sa tour d’ivoire excluant les personnes qui ne sont pas nées dans la ouate, l’exclusion en raison de ses modestes origines est bien moins fréquente qu’autrefois.
Au contraire, on a tendance à applaudir les personnes qui se sont élevées au-dessus de la mêlée grâce à leur intelligence, leur ténacité et leur persévérance. Des gens qui contribuent à élever le discours et font réfléchir tout le monde, peu importe leur sphère sociale.
C’est le cas de Jean-Philippe Pleau. Et c’est le cas aussi de Francis Ouellette, auteur acclamé qui écrit son feuilleton Sirop de poteau dans nos pages depuis 2023. D’autres auteur.e.s s’ajoutent à la liste, dont la regrettée Caroline Dawson, issue d’un famille immigrante modeste, reléguée aux petites jobs dont personne ne veut au Québec. L’auteure a toutefois poursuivi de brillantes études et publié Là où je me terre qui nous porte à réfléchir sur la catégorisation des individus en fonction de leurs origines et de leur situation financière.
Il est vrai que la partie n’est pas toujours gagnée pour qui n’est pas économiquement favorisé. L’égalité des chances est un bien beau concept, mais quand tu es pauvre, ce n’est pas évident de poursuivre des études supérieures sans devoir travailler pour subvenir à ses besoins. Une freinante et épuisante réalité. D’où l’importance de repenser les frais scolaires et le financement des études. Mais là, c’est un autre débat.
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