Le mois dernier, la faillite imminente des journaux de Capitales Médias est venue nous rappeler la gravité de la crise que traversent les grands médias. Privés des revenus publicitaires que siphonnent les géants du numérique, ils recherchent désespérément un modèle d’affaires viable.
Quelques chiffres… Il y a une quinzaine d’années, les quotidiens récoltaient 31 % de la tarte publicitaire. Aujourd’hui, la pointe n’est plus que de 11 %. En revanche, celle des géants du numérique a bondi de 1 % à 44 %. Pendant ce temps, 43 % des emplois ont disparu dans l’industrie.
Comme magazine professionnel destiné au grand public, L’Itinéraire est solidaire des épreuves que traversent toutes ces entreprises de presse. Légitimement, certaines revendiquent maintenant le statut d’organisme sans but lucratif pour avoir accès, elles aussi, à l’aide gouvernementale. Bienvenue dans la famille, pouvons-nous leur dire fraternellement.
Mais à trop vouloir aider la transition numérique, nos gouvernements risquent aussi de tuer les entreprises qui carburent encore à l’imprimé. Car pour nous, un magazine sans papier, ce serait un magazine sans camelots. Une idée impensable eu égard à notre mission.
Québec et Ottawa doivent donc trouver des mesures qui peuvent à la fois soutenir les entreprises communautaires et celles jusque-là privées, des mesures qui peuvent aider les médias qui migrent vers le numérique comme ceux qui ont encore un bel avenir dans l’imprimé. C’est une question d’équité, de justice et de diversité.
« Ce n’est pas une entreprise ou un propriétaire de presse que l’on veut aider, c’est le journalisme », assure la ministre québécoise de la Culture et des Communications, Nathalie Roy. Prenons-la au mot. Alors, un crédit d’impôt remboursable sur les coûts de main-d’œuvre à la manière fédérale ? Pourquoi pas, mais à la condition que les entreprises qui ne paient pas d’impôt reçoivent l’équivalent. Un crédit d’impôt sur les frais d’abonnement ? Oui, à la condition qu’il ne se limite pas au numérique. Un crédit d’impôt sur les dons des lecteurs ? On peut aussi l’étendre à toutes les copies vendues, parce qu’acheter une copie de L’Itinéraire n’est pas un don direct à l’organisme.
Nos gouvernements peuvent aussi laisser libre cours à leur imagination. De très nombreux pays occidentaux consentent aux médias une réduction de la taxe de vente et des frais postaux allégés. D’autres n’acceptent plus que les dépenses de publicité achetée à l’étranger soient déductibles d’impôt.
À l’instar de la France, les pays du G-7 veulent maintenant mettre en place, dans le cadre de l’OCDE, une taxe internationale sur le chiffre d’affaires des entreprises GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft). Reste aussi la possibilité de taxer les revenus d’abonnement internet et les forfaits de données mobiles.
Mais, d’abord et avant tout, nos gouvernements doivent donner l’exemple et cesser de tuer l’industrie. En 2017, faut-il rappeler, on a dispensé les municipalités de l’obligation de publier leurs avis publics dans les journaux locaux. Elles les diffusent maintenant sur leur site web au grand dam des médias régionaux.
Depuis 1995, Québec semble aussi avoir oublié sa directive voulant que les ministères et organismes gouvernementaux réservent 4 % de leurs dépenses publicitaires aux médias communautaires. En cette matière, Québec n’a jamais tenu promesse. L’an dernier, on parle d’un maigre placement de 100 000 $ saupoudré à travers toute la province.
Je vous informe, subtilement, que pour son projet innovateur en pré-employabilité le « qui nous sommes » le magazine L’Itinéraire, ne reçoit aucune subvention récurrente de la part du Québec. Eh oui ! Comme pour tout le monde, le papier, les salaires, l’itinérance augmentent. Pendant ce temps-là, trois sociétés d’État québécoises (la Société des alcools, Hydro-Québec et Loto-Québec) ont dépensé à elles seules plus de 8 millions $ chez Google et Facebook. C’est une bien curieuse façon de soutenir le journalisme d’ici.
Merci à l’avance de continuer à supporter L’Itinéraire. #jaimemoncamelot #jesoutiensmonjournal.
Ah oui ! Nous, nous émettons des reçus d’impôt.