Sous le pont Jacques-Cartier, à Montréal, une scène singulière se déroule. Sylvain, un camelot de L’Itinéraire pose une question au célèbre rappeur québécois Souldia : « As-tu déjà eu des disques d’or ? ». Un sourire en coin, Souldia répond modestement : « Oui, plusieurs, au moins sept ou huit. » Mais au-delà des trophées et des chiffres, Souldia se souvient surtout de ses débuts modestes et des obstacles qui ont façonné son identité artistique.

Aujourd’hui, Souldia est l’un des artistes les plus respectés de la scène rap québécoise, avec, notamment, plusieurs nominations au dernier Gala de l’ADISQ, où il se distingue aux côtés de groupes mythiques comme Les Cowboys fringants. Si son nom est aujourd’hui synonyme de succès, son parcours a été tout sauf conventionnel. Derrière les disques d’or et les salles pleines se cache l’histoire d’un homme qui a grandi dans l’adversité et a dû surmonter de grandes épreuves pour atteindre son rêve. C’est cette histoire qu’il raconte ce jour-là à Sylvain.

Entre la rue et le centre jeunesse

Originaire de Limoilou, un quartier ouvrier de Québec, Souldia a grandi dans un environnement marqué par la pauvreté, la toxicomanie, et l’itinérance. Dès son jeune âge, ces réalités lui semblaient presque normales. « Ce n’était pas étonnant de voir un gars couché pendant des jours dans ma cage d’escalier », se souvient-il. Ces premières confrontations avec la précarité ont laissé une empreinte indélébile sur lui.

À l’adolescence, Souldia, qui a lâché l’école en 1re secondaire, se retrouve lui-même dans la rue, un choix qu’il fait par nécessité, cherchant à échapper à des problèmes familiaux. « Je pense que j’étais mieux dans la rue que chez moi », raconte-t-il. 

C’est durant cette période qu’il a appris à survivre, à trouver des ressources dans les situations les plus désespérées, et qu’il a découvert la solidarité entre ceux qui vivent dans la rue. « Les gens s’entraidaient beaucoup. On partageait notre nourriture, nos couvertes. J’étais jeune donc j’imagine que les plus vieux essayaient de prendre soin de moi », explique Souldia, qui a aussi utilisé presque tous les services communautaires disponibles à l’époque. « Si ces organismes n’avaient pas existé Dieu sait que j’aurais été encore plus dans la merde que je l’étais. »


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