Par la fenêtre de sa chambre à ‘pital, Frigo regarde la lune. Elle est pareille que celle qui se frottait le cul dans les draps du ciel, le fameux soir où sa mère l’a emmené se paqueter au Vieux Munich après avoir gagné au bingo. C’est le genre de lune qui te fait sortir le cœur de loup-garou. Tu finis ça en beuglant dans les ruelles de tes nuits, un peu plus fort que tu devrais, à t’astiner avec les étoiles pour qu’elles te redonnent le p’tit change qu’elles t’ont jamais passé. À chanter saoul raide dans des langues que tu connais pas. C’est ben mozusse comment c’est ça que ça prend, des fois, pour pogner la chanson qui te croupit dans le corps. Des airs oubliés qui te roulent en bouche, une couple de minutes, après des années sans donner de nouvelles. Frigo serait pas capable de te donner l’heure, encore moins sa date de naissance. Pourtant, les feuilles de musique de son arbre de vie, il en connait la moindre des nervures. Il connait la trame sonore de tous les moments de son histoire. Y compris ceux qui s’en viennent.
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