Karma, la loi du retour, un grand cœur et l’altruisme : voilà les moteurs qui ont poussé Maurice Trudel, un rescapé de l’itinérance, à organiser le Show de la relève rock/métal. Présenté les 2 et 3 juin prochains au Théâtre Berri, ce spectacle vient en aide aux musiciens dans le besoin.
Président-fondateur du RACIT (Regroupement des Auteurs Compositeurs Interprètes Tremplin), Maurice Trudel a créé cet organisme à but non-lucratif en septembre dernier avec pour mission de faire de la prévention en aidant les jeunes musiciens à se faire connaître et à « sortir des bars ». De plus, 50 % des bénéfices vont aux artistes, tandis que l’autre 50 % revient à l’organisme, en vue notamment d’aider les jeunes à se reloger ou à retourner aux études.
Ayant fréquenté la Maison du Père pendant six mois, il passait des nuits blanches à visualiser son projet qui a germé dans sa tête après avoir fait la connaissance d’un jeune technicien de son de 25 ans, qui lui faisait penser à son fils, et vivait lui aussi dans la rue.
« Je me sentais impotent et inutile dans la société. J’ai vu ce jeune qui avait du potentiel, mais pas les moyens financiers, et à partir de ce moment-là j’ai arrêté de penser à moi-même et de me regarder le nombril. Je suis un bon vendeur car j’ai eu beaucoup de petites business dans ma vie et j’ai eu envie de donner un coup de main aux musiciens. J’ai appris sur le terrain, je n’avais pas d’expérience, avoue M. Trudel. S’oublier soi-même en pensant aux autres, c’est se construire soi-même. »
Un malheur de santé
Âgé de 58 ans, il se retrouve à la rue à la suite de problèmes de santé; étant ébéniste-menuisier depuis 30 ans (il a notamment travaillé à la construction de deux maisons et trois synagogues dans le Mile-End), ses poumons ne fonctionnent plus qu’à 35 %. Ne pouvant plus travailler et étant travailleur autonome, il ne peut se prévaloir de congés de maladie. Et aussi après une séparation avec la mère de ses six garçons, il vend la maison familiale pour la somme de 1 $ à son ex-conjointe.
Pour réaliser son rêve, Maurice se prive beaucoup; il met son argent personnel au service du RACIT. Il coupe ainsi sur les cigarettes, l’alcool et fait son « épicerie au Dollarama ». « Le RACIT est une fondation non-subventionnée; la subvention c’est une dépendance malsaine », tient-il à dire. Très motivé par son projet, il ramasse ses sous, se déniche un beau veston et son comparse technicien du son lui procure des souliers présentables.
Accompagné de trois partenaires d’affaires plus jeunes que lui – Kevin Rouiller (son fils), Francis Gaumond et Vanessa Improto – Maurice désire éventuellement louer le Bar la Shop situé sur la rue Saint-Denis pour en faire une salle consacrée aux musiciens de la relève.
Ces musiciens dans le besoin
D’ailleurs, son partenaire d’affaires Francis Gaumond, 27 ans, se passionne lorsqu’il est questionné sur la pertinence du Show de la relève. « Il n’y a pas de plateforme pour les artistes qui veulent percer. C’est toujours les mêmes gros noms qu’on voit. Le Show du refuge de Dan Bigras est super bon, mais ça n’encourage pas la relève. Par exemple, les groupes émergents ne représentent même pas 0,5 % des artistes qui sont à La Voix ou qui sont entendus dans les radios mainstream. »
Si 60 groupes de musique ont manifesté leur intérêt pour le Show de la relève, 12 d’entre eux ont été sélectionnés, dont Time qui se veut un hommage à Pink Floyd, Slaves on Dope et Maiden Quebec qui parrainent l’événement. Le Show de la relève est un spectacle de levée de fonds pour soutenir l’organisme le RACIT et permettre aux artistes de faire connaître leur musique sur de plus prestigieuses scènes. Les fonds amassés permettront d’aider les artistes, qui se retrouvent souvent en situation de grande précarité, à ne pas abandonner leurs projets musicaux et de continuer à parfaire leur talent. Le RACIT souhaite prévenir l’itinérance en permettant à ces musiciens de jouer à l’extérieur des bars en leur donnant accès à des salles de spectacles à Montréal.
Récompense émotionnelle
« J’ai fait le vœu de la simplicité volontaire, je n’ai pas besoin de richesse. Mon salaire, je le redonne aux pauvres, qu’est-ce que tu veux que je fasse avec ça ? Ma récompense, elle est émotionnelle, dit Maurice avec humilité. Mes attentes envers le spectacle c’est de remplir la salle pendant les deux soirs et de donner de la visibilité aux musiciens. À long terme, si ça fonctionne, j’aimerais leur subventionner des logements, leur prêter main-forte pour l’épicerie ou les aider à retourner aux études. »
Pour vous procurer un billet, au coût de 25 $ 1200 places sont disponibles chaque soir les 2 et 3 juin prochains au Théâtre Berri.
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