Rien ne se crée, tout se transforme. De notre point de vue géographique, aux limites du Village, avec le pont Jacques-Cartier surplombant notre édifice, L’Itinéraire a été témoin de grands changements dans le Faubourg à m’lasse, ce quartier mal-aimé.
Il y a à peine quelques années, le luxueux complexe immobilier en dernière phase de construction qui fait face à nos locaux, rue Sainte-Catherine Est, était un immense terrain vague, un pré urbain où les hautes herbes et quelques arbres rabougris constituaient un parc à chien improvisé et un raccourci en diagonale pour ces travailleurs et habitants de ce coin de Ville-Marie.
Des campements d’itinérants ont investi les lieux. La Ville a à peu près toléré la présence des sans-abri, jusqu’au jour où elle a envoyé une équipe pour les déloger et nettoyer ce terrain des détritus, seringues, et maigres possessions que les personnes évincées n’ont pu récupérer. C’était d’une grande tristesse. Et on ne faisait que déplacer le problème. Des campements, il en a poussé un peu partout dans la ville, depuis.
Une fois clairé, ce terrain, parmi les plus rares et convoités de la région du centre-ville, a été décontaminé pendant plusieurs mois. La troupe de Cavalia s’y est installée pendant un certain temps, puis les pelles mécaniques ont fait leur apparition. Au fil des mois, une valse incessante de pépines et de gros camions, de grues et de poseurs de poteaux a tranquillement fait place à des structures en hauteur.
Aux alentours, un nouveau café branché s’est installé en anticipation des nouveaux clients plus en moyens de fréquenter leur établissement aux prix au-dessus de la moyenne. Un café et un muffin pour plus de 10 $, ce n’est pas tellement dans le budget des résidents traditionnels du quartier.
Puis, d’autres édifices ont été revampés et d’autres commerces se sont ajoutés. Revitalisation du quartier ou gentrification ? Reste à voir comment la cohabitation se fera au fil des ans entre nouveaux propriétaires de condos de luxe et groupes communautaires qui luttent contre la pauvreté, qui peuplent le quartier depuis de nombreuses années.
Rien ne se crée, tout se transforme. Avec le plus éloquent des exemples, la Maison de Radio-Canada, qui a quitté sa grosse tour brune pour un lumineux édifice tout en verre à quelques coins de rues de chez nous. La première résidence du diffuseur avait entraîné, dans les années 60, la disparition du légendaire Faubourg à m’lasse et de ses bicoques en bois, habitées par une population pauvre et ouvrière.
Le Centre St-Pierre, qui fête cette année ses 50 ans, a été, comme nous le sommes aujourd’hui, aux premières loges de cette transformation et a joué un rôle important pour assurer une cohabitation harmonieuse et une qualité de vie dans ce secteur qui conserve toujours les stigmates du passé.
Soyez témoin, dans le dossier principal que présente notre journaliste Karine Bénézet, de ces quelques grands changements qui ont façonné le quartier.
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