Montréal résonne au ralenti. Voilà trois mois que le confinement domine l’agitation urbaine.

Tout comme au Café de L’Itinéraire où le brouhaha matinal, les odeurs de déjeuners et les incessants va-et-vient qui rythmaient si bien le quotidien de nos camelots laissent place à un silence prolongé. Pour les camelots, c’est un nouveau travail qui s’est amorcé ; celui d’occuper leur temps et d’apprivoiser ce rythme déroutant, immiscé avec force. Mais d’un camelot à l’autre, le quotidien n’a pas la même saveur : Yvon se dit « bon à marier », Anne-Marie cuisine… D’autres vivent le deuil, les cauchemars, l’attente angoissante d’un retour à la « vie normale ».

Pour ses raisons, et parce que − nos camelots sont importants −, Vanessa, Isabelle, Pierre, Charles-Éric, employés de L’Itinéraire, maintiennent le lien avec eux − chaque jour − à coup de messages, de courriels, de discussions téléphoniques, de lettres. Dans les pages qui suivent, les portraits de six camelots se conjuguent au « travail de mémoire » que le magazine réalisait à chaque édition à travers la rubrique Camelots en confinement. Et si nous ne pouvons présenter que quelques-uns des 145 camelots de L’Itinéraire, nous n’oublions pas les 138 autres.


Adil Boukind

Photojournaliste indépendant né en France, Adil Boukind travaille depuis plusieurs années avec les plus grands médias de la presse québécoise. Son travail se concentre sur l’intégration des pratiques ancestrales dans le contexte de la société moderne et les enjeux identitaires liés aux territoires. En 2014, il réalisera son projet de fin d’études journalistique à L’Itinéraire, auprès de nos camelots. Il revient aujourd’hui, plus talentueux encore, immortaliser la vie de camelots en confinement à travers un reportage photo que nous vous présentons. Merci Adil !