Cette année, il a été particulièrement difficile de choisir les meilleurs textes de nos camelots pour les Prix de la rédaction 2019. Le jury, composé de notre marraine de la rédaction, l’auteure Monique Proulx, les journalistes de La Presse Silvia Galipeau et Tristan Péloquin ainsi que le libraire et auteur Billy Robinson ont désigné les lauréats dans quatre catégories.
Prix Alain-Charpentier
Meilleure chronique culturelle
Impetus : l’immobilité en mouvement
15 février 2019
Billy Robinson écrit :
Pour la grande capacité à nous faire rapidement comprendre le thème de l’œuvre présentée dans l’entrevue. Pour la façon dont est menée cette rencontre, avec des questions pertinentes et captivantes. Pour la vision juste et sensible du sujet de l’œuvre dont l’autrice de ce texte a su établir avec brio. Pour le professionnalisme, la rigueur dans la recherche et la confiance qu’elle démontre tout le long de la rédaction et surtout pour la qualité du texte, au final, le prix de la meilleure chronique culturelle va à Céline Marchand.
Prix Alcatraz
Meilleur mot de camelot
Mon cône à moi
15 février 2019
Tristan Péloquin écrit :
Par sa poésie et son humour, le mot de camelot Mon cône à moi m’a transporté devant le Monument-National l’espace d’un moment. Son écriture très imagée m’a pratiquement fait sentir les odeurs de la rue, entendre les bruits de la circulation. Le texte est une incursion touchante dans le quotidien d’un camelot qui trime dur pour son salaire, contre les éléments de la nature et de la ville. On ne peut s’empêcher de voir dans la description de cet ami de fortune une ode à la résilience des travailleurs de la rue. C’est un hommage à ceux qui se tiennent debout coûte que coûte, jour après jour. Ce court voyage littéraire m’a même fait sentir une petite onde de colère en m’imaginant les policiers qui ont « regardé croche » l’auteur. Bravo à Maxime Valcourt pour cette habile construction. Il n’y a pas un seul mot de trop dans cette histoire toute simple, écrite avec une grande finesse.
Prix Jean-Pierre-Lizotte
Meilleure chronique libre
Sous l’emprise de la dame blanche
et La vie sans la neige
1er janvier et 1er mars 2019
Monique Proulx écrit :
Il y a quelque chose de profondément troublant dans la façon, à la fois forte et détachée, qu’a Jo Redwitch de revenir sur les épisodes traumatiques liés à sa consommation de cocaïne – sa Dame blanche, sa Neige… Sans jamais tomber dans le misérabilisme, sans céder à l’auto-apitoiement, elle nous assène ici et là des petites phrases anodines qui nous rentrent dedans, elle nous dévoile comme en passant les éléments assassins qui ont contribué à lui raboter la vie : un viol à l’adolescence, un « petit » ménage dans le ventre, une mère qui ne sait rien, la drogue qui s’infiltre et s’installe, le commerce assumé du corps, le père de son enfant qui se pend, le coup de poing d’un mari qui la clouera au lit des mois durant… On lit Jo Redwitch, et on est emporté par le flot de son courage et de sa détermination, comme devant une héroïne de roman ou de film, un personnage plus grand que nature, qui aurait gardé à travers toutes ces péripéties une lucidité, un bon sens inouï, et un refus de dramatiser, que j’appellerais de la pudeur. L’élégance de la pudeur. Pour son élégance, justement, sa force de frappe, et la portée sociale de son témoignage, le prix Jean-Pierre Lizotte de la meilleure chronique libre 2019 lui est décerné.
Prix Claude-Brûlé
Meilleur article actualité/société
Logement social : Il faudra être encore très patient et Dans le ventre du budget
15 avril 2019
Silvia Galipeau écrit :
Ça n’est pas été un choix facile. En fait, ça a carrément été un choix déchirant. Il faut dire que j’ai été agréablement surprise par l’originalité des sujets proposés, les angles choisis, la rigueur de la recherche, les questions toujours pertinentes et jamais complaisantes, et bien sûr, la qualité du français. J’ai dévoré tous les articles, et j’aimerais vraiment en profiter ici pour souligner le professionnalisme du travail effectué. Chapeau à tous. Vous avez travaillé fort. Et ça paraît ! Je vais vous avouer que mon premier prix va au sujet qui à priori m’allumait le moins. Et qui m’a complètement séduit. C’est un sujet lourd. Complexe. Limite indigeste. D’où le mérite du journaliste, qui a su habilement rendre le tout digeste, justement. Mieux : c’est intéressant, on y propose une analyse comparative originale, c’est fouillé, avec une foule de chiffres pertinents, et des entrevues variées à l’appui. Bref, un texte qui m’a gardée accrochée jusqu’à la fin. Même si, à nouveau, ça n’était pas mon genre de sujet de prédilection. Du tout. Et j’aime croire qu’il a su séduire d’autres lecteurs. Et c’est tant mieux, parce que c’est un sujet essentiel. J’aimerais souligner la qualité du volet « ma parole » qui suit le texte, un texte plus personnel qui explique les dessous de l’article, tout aussi intéressant et divertissant à la fois. Mon premier prix va donc à Yvon Massicotte, pour son article sur la place du logement social dans les deux derniers budgets (fédéral et provincial). Bravo Yvon.