Considérant que dans Hochelaga-Maisonneuve (HoMa), les 56 000 citoyens ont accès à seulement deux médecins dans les cliniques du quartier pour le service sans rendez-vous, la députée péquiste Carole Poirier lance une pétition qu’elle présentera à l’Assemblée nationale afin que le ministre de la Santé Gaétan Barrette agisse et redresse cette situation qu’elle décrit comme étant injuste.
« Le droit à la santé des citoyens a été brimé, parce que prendre des médecins sans-rendez-vous c’est changer de médecin à chaque fois. Par exemple, ma fille a dû se rendre à Côte-des-Neiges pour voir un médecin sans rendez-vous. C’est un droit fondamental et j’espère que le ministre de la Santé va trouver une solution pour notre territoire. Nous demandons deux choses: une nouvelle clinique médicale et des médecins pour combler les départs à la retraite; ça urge ! », s’insurge Carole Poirier, députée pour Hochelaga-Maisonneuve.
« Je suis allée à la clinique 3600 sur Ontario et le seul médecin sans rendez-vous n’était pas là; les gens retournaient de bord. Si j’ai un enfant malade, d’une otite par exemple, ce qui me reçoit c’est une affiche. Il faut appeler Info-santé qui me réfère à Rosemont, à l’extérieur du quartier. Dans Hochelaga-Maisonneuve, il est impossible de voir un médecin. C’est ça la vie des citoyens de ce quartier; ils n’ont pas le droit d’avoir un médecin », renchérit-elle.
Inquiétudes pour les patients
François Lalande est pharmacien-propriétaire au Pharmaprix de la rue Ontario situé sous la clinique Joliette qui s’est départie de tous ses médecins faisant du sans rendez-vous pour cause de départs à la retraite. À la question : ressentez-vous le manque de médecins dans le quartier, il s’est dit très concerné et préoccupé par la situation.
Absolument, au quotidien. Beaucoup de patients suivis par des médecins qui partent ou qui sont déjà partis à la retraite vont se retrouver sans médecin de famille. Ça implique que les patients sont vraiment inquiets pour leur santé et nous comme professionnels de la santé c’est plus difficile de faire le suivi avec les patients. Pour le moment, on réfère les patients qui ont des urgences à des médecins sans rendez-vous dans d’autres quartiers de Montréal »
Médecins réticents à s’installer dans HoMa
De nombreux médecins sont réticents à venir pratiquer dans Hochelaga-Maisonneuve pour deux raisons : « Les cliniques ici ne sont pas attrayantes; il n’y a pas d’infirmières-praticiennes, pas de radiologie et la clientèle est plus difficile car elle est très pauvre. Notre supposée gentrification du quartier, qui attire des familles de la classe moyenne, n’a pas réussi à attirer les médecins. Par comparaison, la clinique Angus dans Rosemont compte presque 40 médecins », s’inquiète la députée.
Si 55 % des Hochelagais n’ont pas de médecin de famille, ceux-ci doivent se déplacer à l’extérieur du quartier pour consulter un docteur. Actuellement 45 % de la population d’Hochelaga-Maisonneuve est inscrite auprès d’un médecin de famille, toutefois il reste 22 735 patients à inscrire pour atteindre la cible fixée par la Régie de l’assurance maladie du Québec, or seulement 5136 patients sont inscrits au Guichet d’accès à un médecin de famille.
Les huit médecins de famille du territoire se partagent 10 000 inscriptions, aucun d’entre eux n’accepte de nouveaux patients et trois médecins prendront leur retraite d’ici la fin de 2017. Les besoins sont également importants pour des médecins spécialisés tels que des pédiatres, des orthophonistes, des gérontologistes et des radiologistes.
Diminution de l’achalandage dans les pharmacies
« Par rapport à l’achalandage, on note une stabilisation et non une progression, remarque François Lalande. Il y a une diminution de nouvelles ordonnances depuis deux à trois ans, on le ressent. Les patients qui n’ont pas de maladies chroniques sont plus à risque d’aller chercher leur prescription dans des cliniques à l’extérieur du quartier. »
« Avoir accès à un médecin c’est un minimum dans la vie car il fait de la prévention. De plus, il n’y a pas de spécialistes dans HoMa – pas de gynécologue, pédiatre, gérontologiste. Il y a seulement le Dr Julien qui est pédiatre pour des enfants ayant de grandes difficultés, déplore Mme Poirier.
On revendique d’avoir une clinique; il n’y a même plus de radiologie dans le quartier. Avec le Groupe de médecine familiale réseau (GMF-R) demandé, ça donne des moyens aux médecins d’avoir des infirmières-praticiennes. Au CLSC, il n’y a que des prises de sang, des tests d’urine et une clinique en santé mentale. On ne peut pas recevoir de soins en tant que tel.
La pétition va bon train ; « 100 % des gens à qui on offre de signer la pétition acceptent de le faire tellement le besoin est criant. On a amassé 1000 signatures en dix jours », affirme fièrement le pharmacien-propriétaire.
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