Au moment de rédiger cet éditorial, on est le 5 octobre, Journée mondiale des enseignants. La journée où l’on salue et valorise la profession parmi les plus importantes de notre société. Celle qui forme nos jeunes, qui les façonne pour l’avenir.
J’ai un respect absolu pour ces enseignant.e.s qui ont une véritable vocation pour cette profession et un amour inconditionnel pour les enfants et les jeunes qu’elles et ils ont à leur charge. Les profs sont nombreux à se donner sans compter, à se soucier réellement de leurs élèves, à dépenser leur propre argent pour parfois pallier le manque de matériel dans leur classe. Des femmes et des hommes dévoués.
Mais notre système éducatif s’est détérioré ces dernières années. Et la pandémie n’a fait qu’exacerber les choses. On manque de profs, et la qualité de l’enseignement s’en ressent.
Pas toujours facile
Il faut dire que depuis très longtemps, beaucoup d’entre eux pratiquent leur profession dans des conditions difficiles, dans des écoles sous-financées, dans des quartiers défavorisés, dans des classes trop nombreuses. Sans compter l’ingérence de parents d’enfants-rois qui défendent leur progéniture ingérable, voire violente envers leurs enseignant.e.s.
Certain.e.s font des miracles avec des jeunes qu’ils arrivent à réchapper du décrochage auxquels ils transmettent la passion de l’apprentissage.
D’ailleurs, au sujet du décrochage scolaire, le Québec affiche le plus faible taux de diplomation d’études secondaires au Canada (74 %, comparativement à 79 % pour l’ensemble du pays), selon Statistique Canada. Et on ne s’étonne plus de constater que seuls 54,2 % des garçons du réseau public francophone réussissent leur secondaire. Désolant.
Mais sur une note moins pessimiste, beaucoup de personnes raccrochent et reprennent leurs études après avoir quitté l’école pour aller sur le marché du travail.
L’inégalité des chances
Les conditions varient grandement entre le public et le privé, entre les quartiers et entre les écoles. Si l’égalité des chances et la situation financière sont mises en cause, ça n’explique pas tout. La qualité de l’enseignement est largement responsable du désintérêt des jeunes pour l’école, selon le rapport Qualité de l’enseignement et pénurie d’enseignants : L’État doit prioriser l’essentiel, de l’Institut du Québec. Et comme l’indique le titre du rapport, le manque criant d’enseignant.e.s met à mal le système d’éducation. À un tel point qu’on est rendu moins regardant sur les compétences qu’il faut aux nouveaux profs pour être embauchés dans nos écoles.
Le point de vue de Guy Rocher
Il y a de quoi s’inquiéter quand le vénérable sociologue Guy Rocher, artisan de la première heure de la réforme de l’éducation dans les années 60, affirme que le système d’éducation au Québec n’a pas avancé mais a plutôt reculé. Son évaluation du monde de l’éducation est lucide et le fruit de plus d’un demi-siècle de travail et d’observations. Nous avons eu l’honneur de l’avoir en entrevue et de vous présenter son analyse.
Il faut se poser la question. Sommes-nous sur une pente descendante ou peut-on rectifier le tir ? Quelles seront les réelles priorités en matière d’éducation du gouvernement nouvellement réélu ? Et nous, en tant que société, comment pouvons-nous contribuer à améliorer l’enseignement ? Allons-nous nous résigner ou exiger une meilleure éducation pour nos enfants ?