À la recherche de l’indépendance par Isabelle Blaney Léveillée, publié le 1er janvier 2024.
Quand j’ai déménagé à Montréal, mes parents étaient loin de moi, au sens propre et au figuré. Le contact n’y était pas. Ma mère avait pour dire « pas de nouvelle, bonne nouvelle » et quand elle voulait me parler, elle appelait plusieurs fois sur ma ligne fixe, jusqu’à ce qu’elle m’ait au bout du fil. J’étais toujours contente de lui parler.
Mon père me donnait moins de nouvelles. Ça m’a pris du temps et de l’abstinence avant de reprendre contact avec lui. Maintenant, je lui parle plus souvent.
J’ai malgré tout l’impression d’être sans famille, même si j’ai quelques contacts avec mon père, j’ai toujours besoin qu’on m’aide. J’ai toujours eu l’impression que quelqu’un allait m’épauler, comme si quelqu’un d’autre pouvait changer quoi que ce soit à ma vie.
Mon père, que j’aime, vit sa vie et maintenant, j’en fais partie intégrante, tandis que ma mère est décédée. La famille et les amis sont importants, mais tu es la seule à vivre ta vie. Quoiqu’il arrive, la maladie, la dépendance, ou différents obstacles, il est toujours envisageable de se rétablir. Chacun a en lui le potentiel de réussite et d’indépendance.
Mon père, Jean-Pierre par Éric-Olivier Senécal, publié le 15 octobre 2024.
Quel être humain pourrait égaler à mes yeux le summum d’intégrité et de dévouement qu’a démontré tout au long de sa vie mon père : Jean-Pierre Sénécal.
Au-delà de sa carrière émérite en tant que réalisateur à Radio-Canada dès son embauche, il s’est illustré par son souci d’un travail fignolé, frôlant la perfection.
Avec des émissions touchant à tous les sujets, pour n’en nommer que quelques-uns : la Pension Velder, un téléroman pour lequel il a été récompensé, ou encore, l’émission jeunesse Grugot et Délicat, ou même Femme d’aujourd’hui avec Aline Desjardins.
Malgré son propre combat gagné contre la maladie mentale et des changements d’humeur reliés à ce qu’on appelait alors la maniaco-dépression, il a été soucieux d’apporter à son fils un encadrement éducatif de qualité et significatif.
Je me souviens de toutes nos ballades dans sa Citroën, des visites de tous les studios et coulisses de la Société Radio-Canada qui était un univers fascinant pour le gamin que j’étais.
Vers la fin de sa vie, après sa retraite, il a continué à me montrer des trésors de patience et de tempérance, vertus chrétiennes qu’il m’a léguées à moi et à la postérité.
Merci Jean-Pierre, que Dieu ait ton âme.
Merci à la vie par Lynn Champagne, publié le 15 mai 2024.
J’oublie trop souvent qu’il faut s’aider soi-même pour que la vie nous aide. N’est-ce pas une des règles d’or de la vie ? Croyez-vous que cela fonctionne ? Moi, j’y crois parce que j’en ai la preuve tangible.
J’ai dû passer une semaine ou deux à manger seulement du riz blanc avant de me rendre à l’évidence qu’il me fallait de l’aide pour arriver à la fin du mois. Je me suis déplacée sur mon spot de vente et je me suis mise à quêter. Au début, après une heure, je n’avais pas fait un sou, mais je n’ai pas lâché. Au bout d’une heure et demie, j’ai croisé mon ange gardien, John. Il m’a donné des sous en plus de m’emmener au Dollarama pour m’acheter de la bouffe. Je n’avais rien… mais maintenant, ça va bien. Je suis à nouveau capable d’acheter et de vendre des magazines et de manger grâce à des gens comme John. Un gros merci.
Je tiens à laisser savoir aux gens que je suis sobre depuis trois mois et je ne lâche pas.
Venez m’encourager sur mon spot et venez me parler, vous allez être surpris !
La misophonie par Dave, publié le 1er juillet 2024.
Mes chers clients, saviez-vous que vous me faites vraiment plaisir et me faites chaud au cœur avec vos sourires et vos encouragements. Vous me donnez le goût de revenir de jour en jour à mon spot de vente.
Ce travail me permet de sortir de chez moi et de briser mon isolement. Une petite chose à propos de moi, je souffre de misophonie très sévère. Qu’est-ce que la misophonie ? C’est une forme d’intolérance à certains sons. Cela crée des réactions intenses telles que l’irritation, le stress et le dégoût. Des exemples : un sac qui fait frouche-frouchefrouche, une croustille qui fait scratch scratch scratch, quelqu’un qui renifle sans arrêt, quelqu’un qui laisse traîner ses pieds, qui frappe du pied, qui fait péter sa gomme, des pommes et des carottes qui font scroutch-scratchscroutch. C’est un problème difficile à gérer. Peut-être vous reconnaîssez-vous ? Je n’écris pas cela pour vous juger, c’est personnel à moi.
La plupart du temps, quand je suis dans le métro ou l’autobus, je mets des bouchons dans mes oreilles. Cela ne camoufle pas tous les sons, mais c’est moins pire. Prochainement j’aurai de nouveaux bouchons qui allégerons encore plus les bruits autour de moi. Des bruits qui me font du bien : les rires, les oiseaux qui chantent (mais pas les mouettes, elles me stressent), la musique que j’aime, entendre la pluie tomber.
Merci de continuer de m’encourager.
Feue bestiole par Christian Tarte, publié le 1er juillet 2024.
Au début du mois de mai, j’ai assisté à une fête d’enfants organisée à l’occasion du sixième anniversaire de ma petite-fille. Celle que son père avait sur-nommée la bestiole. Pour l’événement, un gymnase avait été loué où étaient réunis une bande d’enfants avec un trop-plein d’énergie. Évidemment, moi j’observais la bestiole. Et c’est là que ça m’a frappé : la bestiole n’était plus. Disparue à tout jamais. Fini le temps où je pouvais profiter de sa naïveté, ou lui faire croire à peu près n’importe quoi.
J’avais plutôt devant moi une fillette qui avait vieilli d’un an. Toujours aussi espiègle, pleine d’énergie, avec de l’attitude et du caractère, bref une p’tite crisse. Mais quelque chose a changé. On aurait dit que je ne reconnaissais plus ma petite-fille, ses traits n’étaient plus les mêmes.
Et maintenant il faut presque négocier pour un câlin, car voyez- vous, mademoiselle est rendue plus indépendante. Imaginez, en septembre prochain, elle commencera l’école, déjà. Une autre étape dans sa vie qui passe beaucoup trop vite. Les cinq premières années ont été magiques pour moi, que du bonheur, mais que voulez-vous, la bestiole n’est plus ! Vive la bestiole !