L’eau de mon bain refroidissait tranquillement.

Je n’osais pas bouger et je restais là à flotter dans cet espace plutôt sombre.

La forêt qui entourait la maison me semblait plus dense.

Et la noirceur de mon cerveau avait des allures de dissociation.

J’étais là sans y être.

 

J’étais encore sous le choc des coups portés à ma tête.

Il avait dépassé les limites de l’insupportable.

Et je m’étais moi-même enfermée dans ce portique intérieur.

Incapable d’avancer ou de reculer, j’étais cloîtrée dans cette prison mentale.

J’avais perdu toute capacité de penser.

J’étais là sans y être.

 

L’âme déchirée par l’échec me laissait à penser que rien ne pouvait plus me sauver.

La folie, ma colocataire était revenue me rencontrer.

La mort psychique m’avait gagnée.

 

En plongeant ma tête sous l’eau, j’écoutais mon cœur battre sans émotion.

Puis le silence fut et la souffrance s’éteignit.

Je n’y étais plus.

 

Avril 2016, Tiré de Sentinelles I, p. 197

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