Le printemps dernier, les commerçants du célèbre quartier montréalais ont décidé de mettre à jour son appellation pour le rendre plus inclusif. Le Village gai d’autrefois est simplement devenu le Village, puisqu’il englobe les 2SLGBTQ+ et donc une plus grande diversité sexuelle et de genre.
Créé entre 1974 et 1982, le quadrilatère qui longe la rue Sainte-Catherine, délimité par Atateken à l’ouest et De Lorimier à l’est, a pris de l’expansion pour devenir le chef-lieu de la communauté 2SLGBTQ+. Un village avec une identité bien à lui, un quartier dynamique qui a contribué à faire évoluer les mentalités.
Jusqu’à la pandémie, le Village était aussi un attrait touristique avec ses rues bondées de monde, ses terrasses et restos qui pullulaient de gens de toutes allégeances venus de partout. Ici, les personnes 2SLGBTQ+ peuvent être elles-mêmes dans cet espace qu’ils ont créé à leur image. Les straights, les touristes, les familles sont nombreux à se mêler à la foule pour baigner dans cette atmosphère unique.
Par contre, on le voit, le confinement a fait mal au Village. Nombre de commerces ont fermé leurs portes et le dynamisme prépandémie s’est amenuisé un peu. Son éclat a terni.
Un lieu de contrastes
Le Village est né dans un quartier pauvre et il en a conservé les séquelles. L’ancien Faubourg à m’lasse, détruit dans les années 70 pour faire place à la grande tour de Radio-Canada, abritait une population qui vivait dans de vieilles bicoques, des taudis en bois, déjà dans un état de décrépitude, même bien avant la démolition.
Le quartier a été reconstruit, mais il reste encore de grandes poches de pauvreté. Nous, à L’Itinéraire, sommes à même de le constater, puisque nous sommes situés à la limite est du Village. C’est ici que l’on trouve le plus de sans-abri, de personnes mal-logées et d’organismes communautaires qui tentent de répondre aux besoins des plus démunis d’entre nous.
Le Village est en effet un lieu de contrastes. Depuis quelques années, les nouvelles constructions, des condos de luxe, commencent à sortir de terre et les loyers des logements existants ont monté en flèche. Sur la rue Sainte-Catherine Est, on voit de plus en plus de personnes en situation d’itinérance et de gens aux prises avec des problèmes de santé mentale.
D’une part, il y a revitalisation du quartier, qui en a grandement besoin. Et ce n’est pas mauvais en soit, mais d’autre part, la population qui a élu domicile ici depuis très longtemps peine à y rester. Heureusement qu’il y a des logements subventionnés et de l’aide pour les populations marginalisées. Mais les besoins demeurent très grands.
Certaines nouvelles constructions misent sur l’inclusion sociale, d’après le règlement 20-20-20 de l’administration Plante. (20% de logements sociaux, 20% de logements abordables et 20% de logements familiaux.) D’autres ont trouvé le moyen de le contourner.
Le Village et ses alentours sont en pleine mutation. La tour de Radio-Canada qui a remplacé le Faubourg à m’lasse s’est vidée au profit d’une nouvelle maison toute rutilante pour le diffuseur public, située à deux pas de là. On promet de transformer une grande partie de la tour brune en logements sociaux, et on s’en réjouit.
Mais qui sait de quoi sera fait ce secteur de l’arrondissement Ville-Marie dans les années à venir? Quoi qu’il en soit, L’Itinéraire et les organismes qui ont à cœur l’inclusion sociale seront là pour veiller au grain.
Chose certaine, le Village a besoin d’amour actuellement. C’est pourquoi nous proposons ce dossier qui présente plusieurs solutions pour le relancer et en faire un endroit où il fera bon vivre — pour tous !