Qu’est-ce qui a bien pu se passer en quelques années pour que le sport féminin d’équipe ait une cote de popularité sans précédent dans son histoire? Après une première saison concluante de la nouvelle Ligue professionnelle de hockey féminin (LPHF) en 2023-2024, Montréal apprenait qu’elle allait accueillir son équipe de soccer, les Roses, au printemps 2025. Aux États-Unis, le phénomène Caitlin Clark a attiré 19 millions de téléspectateurs lors de la finale du championnat national collégial en 2023, un record depuis 2019 pour le basketball, tous genres confondus. Après plusieurs tentatives d’instaurer des circuits professionnels viables et suivis, la planète sport vit aujourd’hui un véritable engouement qui semble bien être là pour rester. Alors, qu’est-ce qui fait que cette fois-ci pourrait être la bonne?

Les courts, les glaces et les surfaces gazonnées sont remplis de jeunes filles qui peuvent maintenant rêver un jour d’être draftées dans le pro, être adulées par des milliers de personnes et recevoir un salaire professionnel qui permet de bien – même très bien – de vivre de leur sport. Jamais auparavant le sport féminin n’a généré autant d’attention, de changements sociaux et, surtout, de revenus. En novembre, une prédiction de la firme Deloitte annonçait que pour la première fois, le revenu global généré par le sport féminin dépasserait la barre du milliard de dollars US.

Éric Brunelle est directeur du Pôle sports et professeur titulaire au département de management à HEC. Pour lui, il est évident qu’il se passe « quelque chose de l’fun ». À savoir si c’est là pour rester, la question reste ouverte, croit-il, mais il ne fait aucun doute qu’il y a une prise de conscience collective, « un désir partagé par beaucoup que les choses changent, et le timing est parfait ».

Pourquoi là et pas avant?

La recette de ce succès ne se comprend pas encore tout à fait, nuance-t-il, mais le professeur a des hypothèses. « Historiquement, on a toujours considéré les amateurs de sport de manière assez homogène, explique-t-il. On faisait l’équation que ceux qui aiment le hockey masculin vont nécessairement aimer le hockey féminin, par exemple. Ici, la nouveauté c’est que d’un point de vue marketing, on n’a pas ciblé les mêmes marchés. Si vous assistez à un match d’un sport féminin, vous allez vous rendre compte que la clientèle provient plus de la diversité (des groupes en périphérie du sport professionnel masculin) que du monde du sport à proprement parler. » Il y a quelque chose, pour lui, qui va au-delà du sport, quelque chose d’identitaire, où on assiste non seulement à un événement sportif, mais où on vient aussi soutenir une cause.

 


Vous venez de lire un extrait de l’édition du 1er décembre 2024. Pour lire l’édition intégrale, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot ou abonnez-vous au magazine numérique.