Rencontre avec Guy Charlebois

Il y a quelques années, au Centre Gadbois dans le Sud-Ouest, existait un camp de jour d’été de deux semaines de plongée sous-marine pour les jeunes de 12 à 17 ans. Ils pratiquaient à la piscine et la dernière journée, ils allaient en milieu naturel. Plusieurs adultes les accompagnaient. Guy Charlebois et Serge Mercier, deux anciens policiers, étaient les fondateurs. Mon neveu Francis y a participé et plusieurs années plus tard, mon fils aussi.

Ils pouvaient pratiquer durant l’année scolaire de septembre à juin, tous les lundis soirs à la piscine. En été, pendant le camp de jour il y avait une plongée pour tous pour mettre les acquis en pratique pour la certification. Ils recevaient une carte par courrier pour dire qu’ils avaient réussi.

Lorsque la piscine Gadbois a fermé pour bris – ce qui est encore le cas –, mon neveu, qui était bénévole au camp de jour et qui pratiquait la plongée durant l’année a poursuivi avec le groupe des Aquanautes tandis que mon fils a arrêté. Serge Mercier est malheureusement décédé avant le dernier camp de jour de mon fils.

Par les réseaux sociaux, j’ai quand même pu continuer de suivre le groupe des Aquanautes de Montréal et la page Facebook de Guy Diver, de Guy Charlebois. J’ai su que lui et son groupe étaient rendus au Collège Ahuntsic de septembre à mai et durant l’été avec qui ils font de la plongée en eau naturelle pour la certification de plongeur. Guy organise aussi plusieurs voyages à travers le monde.

Souvenirs de la plongée de mon fils

Je me rappelle que la première année, j’avais remis au médecin de mon fils un papier à signer. Il l’a régardé et il a fallu attendre des rendez-vous chez des professionnels. Il n’a pas pu faire son activité de plongée, faute d’avoir le papier en main à temps. La seconde année, j’ai relancé son médecin, mais finalement c’en est un autre, qui l’a examiné, qui a signé rapidement l’autorisation médicale – durant une alarme d’incendie, juste avant de sortir sécuritairement du bâtiment – , pour confirmer sa capacité à faire de la plongée. Ironique.

Il a finalement participé au camp de jour de plongée sous-marine. Au début, il a dû suivre une période théorique avec des devoirs à faire à la maison et une période d’exercices pratiques en piscine. Quand mon neveu est venu à la maison pour l’aider pour la partie théorique, j’ai ouvert grand mes oreilles. J’ai réalisé que je trouvais cela dangereux (et avec les années, c’était une belle marque de confiance de ma part envers mon fils). Il a réussi sa théorie et sa pratique.

Vers la fin du camp de jour, un temps était alloué pour l’essayage de costume de plongée sous-marine dans un magasin de location, avant les plongées sous-marines en milieu naturel.

Mon neveu Francis a été dans la première cohorte de camp de jour de plongée sous-marine à Gadbois en 2004 et il continue quand il a le temps. Mon fils, lui, en a fait en 2018 et 2019, les deux dernières années de cette activité d’été à Gadbois. L’un ouvre et l’autre ferme le bal.

Les Aquanautes et Guy Charlebois

Les Aquanautes est un groupe de plongée sous-marine pour enseigner et partager la passion des profondeurs des cours d’eau chez les 12 ans et plus. Je me suis entretenue avec Guy Charlebois, ancien policier, instructeur de plongée pour le groupe. Cet homme de beaucoup de mots, rendu à 72 ans, a bien voulu répondre à mes questions pour en savoir plus sur sa passion de la plongée sous-marine, ses expériences et l’histoire derrière les Aquanautes de Montréal.

Quels sont les événements marquants de l’histoire des Aquanautes ?

Les Aquanautes, c’est une école qui existe depuis 30-35 ans. On opère de septembre à juin pour donner des formations de tous les niveaux. L’été, on fait nos certifications dans de vraies eaux. Une fois que l’élève a fait sa théorie et les exercices en piscine de base, exécute quatre plongées en milieu naturel. On invite alors les plongeurs qui ont participé les années précédentes et les amis à venir se joindre à nous.

Quelles retombées vos formations ont-elles sur les gens qui les suivent ?

Les gens qui finissent la formation font de la plongée un peu partout. Ils en sortent passionnés et mieux outillés et sont plus autonomes dans la pratique.

Quels sont les prérequis pour faire de la plongée sous-marine? À quel âge peut-on en faire et pourquoi ?

Au Québec, il faut avoir au minimum 12 ans. Il faut avoir une santé relativement bonne. Les contre-indications s’appliquent aux personnes qui ont des problèmes cardiaques ou pulmonaires comme l’asthme Une autre maladie qui pourrait interdire la plongée, c’est l’épilepsie parce que ça peut être déclenché par un changement soudain de température. Après ça, il faut être à l’aise dans l’eau, c’est-à-dire ne pas avoir peur, être capable de nager n’importe quel style de nage sur environ 200  mètres, cinq  minutes de nage statique (sur-place) et pouvoir nager en équipe.

Quels sont les dangers de la plongée ? Quelles sont les règles de sécurité?

Le plus gros danger, ce serait de retenir sa respiration parce qu’on respire de l’air normal qui est comprimé. Vous respirez trois fois plus d’air dans votre période de plongée que vous en respireriez à la surface. Ça pourrait déchirer et éclater un poumon.

Vous avez enseigné à un groupe de personnes en situation de handicap, quels étaient les défis ?

La formation d’adaptation nous a été donnée par Hubert Chrétien, qui était le représentant de l’organisme de plongée pour les personnes handicapées, Scuba Handicap Association. On avait une association de personnes handicapées qui venait pratiquer au centre.

Certains participants étaient en fauteuil roulant. Celui qui me revient le plus en mémoire est Hugues Antoine, quadriplégique atteint de spina bifida.

J’ai eu une dame qui avait juste un bras. Avec son copain, ils ont réussi à plonger. Après ça, il y avait des gens avec des handicaps intellectuels, des jeunes autistes…

Comment avez-vous adapté la formation de la plongée?

Hugues Antoine, il fallait l’équiper, l’habiller. Il était capable de réussir certaines choses comme mettre de l’air dans sa veste, mais il n’est pas capable par lui-même de se sauver ou aider son copain de plongée sous-marine en cas de danger. Il est obligé de plonger avec deux plongeurs accompagnateurs.

Qu’est-ce que vous en gardez en souvenir ?

C’est très enrichissant pour la personne qui donne le cours, très réjouissant de voir quelqu’un qui est complètement à l’opposé de toi, de toutes tes capacités, qui rêve de faire la même chose que toi et réussit à le faire.

Un sport d’équipe

La plongée sous-marine est un sport d’équipe, d’émerveillement de la flore et de la faune sous l’eau. Pour Guy Charlebois, instructeur de 72 ans ayant 45 ans d’expérience, le mystère des fonds marins est une conquête générationnelle, une piqûre à partager. Au fil des ans, les équipements se sont modernisés, ce qui facilite la vie des explorateurs. Il n’a pas fini d’en découvrir ! Il aime raconter ses récits, ses expériences.


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