Le 30 septembre (passé de cinq jours au moment d’écrire ces lignes), la population canadienne soulignait la Journée nationale de la vérité et de la réconciliation, communément appelée « Journée du chandail orange » ; un devoir de mémoire et un hommage collectif aux enfants victimes des politiques d’assimilation et à leurs familles.

Pour toutes les organisations visées par le Code canadien du travail, et au choix pour les autres, le 30 septembre est férié. On comprendra alors pourquoi la mobilisation est plus visible en Ontario, par exemple, qu’au Québec (plus importante aussi ? Il suffit de comparer les couvertures médiatiques québécoises et canadiennes).

Cela étant dit, fériée ou pas, cette journée en est une qui pave la voie à la réconciliation entre les Canadiens et les Premières Nations. Et pendant que des citoyens se rassemblent sur la colline du Parlement, le levier de commémoration et de solidarité au Québec passe par le port du chandail orange. C’est pourquoi certaines écoles primaires ont offert aux enfants d’épingler un carré de feutre orange sur leur vêtement, d’autres ont mis de côté le bleu marine de l’uniforme au profit d’un tee-shirt orange. Une bonne occasion de susciter des questions et de sensibiliser les plus petits à une cause qui nous concerne tous.

Cette journée-là, du 30  septembre dernier, l’anthropologue, conférencière, auteure Isabelle Picard, écrivait dans La Presse les mots suivants : « C’est drôle parce que chaque fois qu’on me demande si ça va mieux, j’hésite à répondre par l’affirmative. C’est comme si je craignais que l’on croie que les efforts faits dans les dernières années sont suffisants et qu’on peut tout arrêter. » Une inquiétude légitime, une inquiétude partagée. Dans les rues, dans les transports, aux heures de pointe de cette fameuse journée aux températures encore estivales, piétons et passagers étaient vêtus et colorés comme à l’ordinaire.

« Si la réconciliation ne se fait qu’entre les Autochtones et le gouvernement du Canada, poursuit Isabelle Picard, il y a un problème. […] la réconciliation doit impliquer tout le monde : entreprises, société civile, gouvernements (fédéral, provinciaux et municipaux), médias, musées, écoles, cégeps et universités, etc. »

Certes, piétons et passagers qui déposent leurs enfants à l’école avant de filer au travail ne sont pas à l’origine ni responsables des politiques d’assimilation. Idem pour les enfants et jeunes des communautés autochtones qui auraient certainement préféré ne pas subir par ricochets les séquelles des pensionnats et autres actions d’assimilation endurées par leurs parents et générations d’avant. Un enfant devrait pouvoir vivre sa vie d’enfant, peut-on lire dans cette édition qui partage le long périple de l’autodétermination de certaines communautés autochtones pour l’avenir de leur jeunesse. La marche est parfois haute, mais chose certaine, la jeunesse autochtone réclame et aspire à mieux.


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