C’est avec regret que nous vous avons appris que Jacques est décédé le 22 mai 2020. Jacques Bond (Élizé) était camelot à L’Itinéraire depuis bon nombre d’années. Avant le confinement, Jacques vendait le magazine à la station de métro Place-des-Arts. Repose en paix.
Propos recueillis par Anita Barsetti
bénévole à la rédaction
Jacques est né dans le petit village de Rivière-au-Renard en Gaspésie. Sa mère, alors âgée de 16 ans, est allée accoucher à Montréal et y a fait sa vie. Il n’a pas connu son père : « Mon père… Supposément, il était un homme bien occupé. J’ai été un incident de parcours ». Durant ses cinq premières années, il vit dans un orphelinat. « La travailleuse sociale me regardait et elle pleurait. On mangeait du gruau. Je me souviens de visages… de mauvais visages ». Après quelques tentatives d’adoption, il se retrouve, heureux et aimé, sur la petite terre de ses grands-parents du côté maternel. Les souvenirs jaillissent. « Ma grand-mère s’occupait beaucoup de moi. Je me souviens des soirées à écouter la radio à lampe, les Noëls où on allait en carriole à la messe de minuit… et tante Lucia, la sœur de ma grand-mère qui était si bonne vivante ». Le temps venu de se trouver un métier, le garagiste de la station Fina qui pensionnait chez ses grands-parents le convainc d’entreprendre un cours en mécanique. Après avoir travaillé pendant quelque temps comme pompiste, Jacques décide de tenter sa chance à Montréal. Quoique de santé fragile, il roule sa bosse en faisant plusieurs métiers en mécanique automobile, en restauration et en conciergerie jusqu’à ce qu’il fasse son cours d’infirmier auxiliaire à l’hôpital Saint-Charles-Borromée. Il pratiquera ce métier durant plusieurs années.
Pour contrer l’isolement, Jacques découvre, par hasard, le café situé jadis au coin de la rue Ontario et celle maintenant nommée Atateken. « J’étais pas bien, en état dépressif. En quelque part est-ce qu’on peut se poser la question si ça remonte à l’enfance ? L’abandon… Je suis tombé dans l’alcool. Je ne mangeais pas… et je buvais » dit-il, morose.
Il fait maintenant partie des anciens de L’Itinéraire. Il aborde la vente du magazine comme un métier de relations publiques en fier ambassadeur. « Je le fais pour l’organisme. Je ne suis pas un gros vendeur mais je parle de l’organisme et j’aime écrire. On m’appelle l’entrepreneur. Quand je parle de l’organisme, je parle de moi. »
L’entretien se termine ainsi.
J’entendais parler dans le monde
D’un bien joli et gentil pays
Je ne savais pas que tout ce monde
Parlait de la belle Gaspésie
Ah qu’elle est belle ma province
Et qu’il fait bon de voyager
J’ai vu des vallées et des plaines
Aussi la mer à haute marée…
« Ma belle Gaspésie » de Marcel Martel