Fin mai 2011, la ville est endormie. La saison de pêche est ouverte depuis quelques jours. La fébrilité m’envahit, j’ai hâte de partir, il est très tôt. Le silence enveloppe le quartier, aucun bruit de bus, les oiseaux dorment encore. J’attends impatiemment mon partenaire de pêche de toujours, celui qui, aussi longtemps que je me souvienne m’attendait tous les samedis et dimanches matins, à 6 h, pour partir à la pêche, beau temps mauvais temps et être assis dans la chaloupe avant le petit déjeuner. Aujourd’hui, c’est lui qui vient me chercher sur la rue Louis-Hébert à Montréal pour qu’on soit sur le lac, dans le nord, au lever du jour. Mon père m’a transmis cette passion que j’ai ensuite transmise à une autre génération.
Nous quittons Montréal, prêts à affronter toutes les intempéries, avec les coffres à pêches, les cannes, les boites de vers, et n’oublions surtout pas le lunch, les fameux sandwichs aux œufs pas de croûtes de maman. Je n’ai jamais compris pourquoi il fallait avoir un coffre autant rempli de bébelles. Après tout, quelques cuillères Toronto Wobbler suffisent pour taquiner la truite mouchetée.
On quitte la grande route pour un autre 30 minutes à rouler sur la garnotte. Le soleil débute sa montée, les oiseaux s’activent, le vent se lève, le pêcheur s’éveille. La douzaine de beignes chauds à la crème, achetés il y a quelques minutes à la boulangerie du village, ne résiste pas.
Nous sommes les premiers. Mon père responsable comme toujours de la navigation s’active, allez go go ! Il faut respecter notre traditionnelle heure de départ. En passant, la pêche, c’est supposé être relaxe, gardons quand même le rythme, on relaxera lorsque la ligne sera à l’eau. Le clapotis de l’eau sur le bord de la chaloupe ralentit soudainement le temps.
Après un consensus un peu arbitraire, nous sommes sur le spot que l’on croit être le bon. On lance. Bang ! ça mord, du premier coup, un doublé. La journée s’annonce super bien. On relance, ça mord, et ça mord encore. Nous réalisons que nous sommes probablement dans la fosse d’ensemencement de la pourvoirie. Les glaces ont fondu il y a à peine quelques jours. Il est 7h30 notre quota de 10 truites par permis est presque atteint. À ce rythme on va manger notre lunch un peu trop tôt. Nous décidons de quitter l’endroit. Tranquillement nous traversons le lac, à la recherche d’une prise record. Aussitôt après notre départ, une cinquantaine de goélands à bec cerclé envahissent notre spot et on se sent suivis. On se croirait dans un film de Hitchcock…
Hey Pa, as-tu entré la corde à poisson ?
Oups !! Non. Eh boy, il reste juste une tête.
Bon, 16 poissons coupés en morceaux.
Retour rapide à la case départ. On recommence. C’est fait, nous avons atteint nos quotas avec de la persévérance. Ne jamais abandonner !
Bonne saison de pêche à tous les pêcheurs ! Le magazine L’Itinéraire est idéal autour d’un feu avec un shore lunch. Un bel été à tous nos camelots.