Loin des projecteurs des grands médias, l’itinérance fracasse des records à Granby. La pandémie a exacerbé la pauvreté chez les plus démunis et les ressources d’aide ne suffisent plus à la tâche. On signale même une vague de sans-abri chez les femmes de 70 ans et plus.
Voilà ce que révèle un coup de sonde lancé par L’Itinéraire dans cette ville de taille moyenne (70000 habitants) située à environ 80km au sud-est de Montréal, au cœur de la Montérégie. Aujourd’hui, l’itinérance n’est plus que métropolitaine. Elle n’est plus l’affaire que des seuls grands centres. Elle frappe durement en région et en périphérie de Montréal.
«L’itinérance est ici en hausse substantielle depuis le début de la pandémie», affirme Steve Bouthillier, directeur général de la maison Le Passant, le principal refuge d’hébergement d’urgence pour hommes de la Haute-Yamaska.
«L’itinérance est nettement plus visible qu’il y a cinq ans, acquiesce Marie-Ève Théberge, directrice de l’Auberge sous mon toit, une ressource vouée à la réinsertion sociale des hommes itinérants à plus long terme. Aujourd’hui, tous les organismes sont débordés.»
Des septuagénaires sans logis
La crise se fait sentir tout aussi douloureusement chez les organismes qui viennent en aide à la clientèle féminine, que ce soit pour des services à court ou à plus long terme.
«Le nombre de femmes sans domicile fixe a augmenté au cours des derniers mois et de la dernière année, constate aussi Sophia Cotton, qui dirige la maison Entr’elles. Je suis dans le métier depuis 30 ans. Je vois bien la différence.»
Sylvie Martin, de Transition pour elles, abonde dans le même sens. «Les femmes sans domicile fixe arrivent maintenant chez nous par vagues, explique-t-elle. Durant la pandémie, nous avons reçu plusieurs femmes âgées de 70 ans et plus. Avec le confinement, elles se sont désorganisées, ont cessé de prendre leurs médicaments et ont perdu leur appartement.»
«J’ai en tête le cas de quatre femmes, poursuit-elle. L’une d’entre elles avait coupé le contact avec ses amis, cessé de fréquenter les organismes communautaires, vendu et donné la plupart de ses meubles.»