Chaque jour, une rivière de marchandises usagées change de mains sur internet, soit 1,9 milliard de biens d’occasion au Canada, ce qui produit des internautes satisfaits de leurs trouvailles. Sur des sites de petites annonces virtuelles, tels que Kijiji, LesPACS, Craigslist ou encore LetGo, les Canadiens ont acheté, vendu ou donné des biens de « seconde main » pour une valeur totale de 29 milliards de dollars l’an dernier, soit 1,4 % du PIB total du Canada.
Le « village » Kijiji
L’an dernier, ce sont en moyenne 78 objets d’occasion par personne qui ont été achetés, donnés, vendus, prêtés ou loués pour un total de près de 2 milliards de biens, soit 30,4 millions de plus qu’en 2015, selon l’indice Kijiji 2017. L’indice a été établi à partir d’une étude sur l’économie de seconde main menée par l’Observatoire de la consommation responsable de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et financée par le site de petites annonces Kijiji – dont le nom veut dire « village » en Swahili – , et qui est une filiale de eBay depuis sa création en 2005.
Transactions d’articles d’occasion les plus fréquents en 2016
Vêtements, chaussures et articles de mode | 38,2 % | |
Produits de divertissement | 18,6 % | |
Vêtements et accessoires pour bébé | 7,4 % | |
Jeux, jouets et jeux vidéo | 5 % | |
Articles de loisirs et d’artisanat | 4,7 % |
Les motivations ?
Que ce soit pour une raison économique ; se procurer des objets sans en payer le plein prix (71 %), une raison écologique pour la protection de l’environnement (65 %), ou bien pour une sorte de chasse aux trésors ; dénicher des pièces de valeur (55 %), toutes ces raisons sont bonnes pour y flairer la bonne affaire.
L’économie de seconde main va de pair avec l’économie de partage, alors que les Canadiens trouvent des aubaines et tirent profit de leurs actifs existants, a expliqué le directeur général de Kijiji, Matt McKenzie, par voie de communiqué. Les Canadiens ont gagné en moyenne 1037 $ avec leurs ventes d’occasion, tandis que ceux qui ont acheté des biens d’occasion au lieu de neuf ont économisé en moyenne 843 $ l’an dernier. La plupart des répondants au sondage disent qu’ils ont utilisé cet argent pour les dépenses quotidiennes comme l’essence, l’épicerie et les paiements de loyer.
Payez 2,7 fois moins cher
En achetant un bien de seconde main, les consommateurs l’auront payé en moyenne 2,7 fois moins cher. Les jeunes milléniaux (âgés de 18 à 24 ans) sont plus susceptibles que la population générale (51 % contre 39 %) de voir l’économie de l’usagé comme un moyen de gagner de l’argent supplémentaire.
La majorité des Canadiens y ont participé
Environ 82 % des Canadiens ont participé à une forme de transaction de seconde main en 2016 – 73 % d’entre eux ont acquis au moins un bien d’occasion et 69 % d’entre eux ont vendu un ou plusieurs articles usagé.
« Dans le rapport de cette année, nous avons pu analyser la façon dont l’économie de seconde main a évolué au cours des trois dernières années et nous pouvons voir à quel point elle est importante – elle représente une province à elle-même en termes d’échelle économique – et à quel point elle est devenue partie intégrante de la vie des Canadiens, a signalé Marie Connolly, professeure d’économie à l’École des sciences de la gestion (ESG) de l’Université du Québec à Montréal et coauteure de l’étude. La participation à l’économie de seconde main est motivée par le fait que les gens cherchent à faire un peu d’argent et ainsi joindre les deux bouts, tout en voulant réduire les déchets et en trouvant de nouvelles utilisations pour les biens qui sont encore viables. »
Comparable au PIB
Afin de mieux comprendre l’ampleur de la valeur de ces 29 milliards de dollars que génère annuellement l’économie de seconde main, on peut la comparer à celle de l’ensemble des secteurs de l’agriculture, de la foresterie, de la chasse et de la pêche au Canada (un total de 28,3 milliards de dollars) ou avec le PIB de Terre-Neuve-et-Labrador (30,1 millions de dollars selon les dernières données disponibles). Ce sont entre 315 000 et 341 000 emplois qui doivent leur existence à l’économie de seconde main.
Montréal trône sur le podium
Parmi les villes canadiennes, Calgary était, en 2016, à la tête du palmarès de l’économie de seconde main, suivie par Edmonton et Montréal. Les catégories les plus populaires du secteur de l’usagé, qui est en plein essor au pays, sont surtout les vêtements et accessoires ainsi que les produits pour bébé.