A-t-on vraiment idée de ce que ça doit être fuir son pays natal, tout laisser derrière soi et entreprendre un long et périlleux voyage vers un endroit dont on ne connaît ni les codes, ni les gens, et souvent, ni la langue ?
C’est le sort de près de 60000 demandeurs d’asile qui sont entrés au Québec par le chemin Roxham en 2022. La plupart d’entre eux ont traversé plusieurs pays, ont franchi des milliers de kilomètres à pied, souvent avec de jeunes enfants et très peu de possessions dans leurs maigres valises, nous informe notre journaliste Yseult Picard dans son dossier Partir pour sauver sa peau.
Ils fuient les bombardements en Syrie, les gangs de rue meurtrières en Haïti, la persécution des talibans en Afghanistan, les représailles pour leurs prises de positions au Congo, au Chili, en Chine, la pauvreté au Vénézuela, en Colombie, les menaces de mort au Mexique.
Ces personnes arrivent souvent brisées psychologiquement et épuisées.
Une fois ici, un long, très long processus s’entame pour obtenir un statut de réfugié et la permission de travailler. Entre-temps, il faut trouver un logement, dans un contexte de pénurie, inscrire les enfants à l’école, suivre des cours de francisation, qui ne sont pas toujours disponibles, remplir de la paperasse administrative.
Puis s’installe l’attente. Une attente qui use et qui peut même mener à la rue pour certaines personnes.
Lisez l’histoire de familles qui se sont déracinées pour tenter une vie nouvelle au Québec, avec beaucoup de courage, soulignons-le.
Forgerons de l’avenir
Au bout d’un certain temps, voire des années, les personnes qui ont finalement pu s’installer pour de bon connaissent, pour beaucoup d’entre elles, un dénouement heureux. Elles finissent par s’intégrer, trouver du travail, fonder une famille et contribuer à la société. Pour la plupart.
Leur arrivée ici contribue à dynamiser le Québec. Autrefois considérés comme des voleurs de jobs, les nouveaux arrivants sont désormais vus comme des sauveurs d’emplois, permettant à des entreprises de fonctionner dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre. C’est ce qu’affirme d’ailleurs le maire de Lebel-sur-Quévillon dans la section Régions, couverte par notre journaliste Simon Bolduc.
L’immigration et le mélange des cultures a forgé le pays depuis sa fondation pour en faire ce qu’il est devenu. Nos habitudes de vie, notre alimentation, notre langue, notre cinéma, nos arts, notre musique ont été influencées par une foule de gens issus de communautés de divers horizons.
Francophones de plein droit
Dans son dossier sur les Francophones hors Québec, notre journaliste Karine Bénézet discute avec des artistes francophones issus du Manitoba, de la Saskatchewan de la question de leur identité et de leur langue. Être une minorité francophone dans une mer anglophone, c’est un combat pour défendre sa langue, sa culture et ses droits. Ces mêmes francos ont parfois besoin de défendre leur identité linguistique, en raison, notamment, de leur accent et de l’utilisation de mots anglais.
Pour ma part, j’estime que nos frères et sœurs francophones du reste du Canada méritent notre admiration, notre appui et non notre jugement sur la façon dont ils et elles s’expriment.
Par ailleurs, le terme «Francophones hors Québec» a suscité un débat dans la salle de rédaction. Certains d’entre nous le trouvent trop «québécocentriste» comme si tout partait de nous. Les Acadiens, les Fransaskois, les Franco-Ontariens, les Franco-Manitobains et tous les autres francophones ailleurs au Canada ont leur propre identité.
On préférerait Francophones canadiens ou francophonie canadienne, mais à ce moment-là, les Québécois en feraient également partie. On n’a pas fini d’en débattre…