Dans son dernier long métrage documentaire Ninan Auassat: Nous, les enfants, Kim O’Bomsawin nous plonge dans le monde de la jeunesse autochtone. Loin des représentations négatives, elle pose un regard nouveau voulant rendre compte de la vitalité et de la force des enfants évoluant dans les communautés.
Il n’y a pas d’adultes dans la nouvelle œuvre de la documentariste, scénariste et productrice abénaquise, Kim O’Bomsawin. Un peu comme les voix dans Charlie Brown, ils sont absents du monde des enfants. Sauf qu’ici, l’histoire est réelle et se déroule avec trois groupes d’enfants de trois nations différentes: Atikamekw, Eeyou-Cri et Innue. Pendant six ans, elle a braqué sa caméra sur ces enfants qui grandissent dans les communautés. Son objectif ? Poser un regard nouveau sur la jeunesse autochtone, à «hauteur d’enfant», en leur donnant une souveraineté narrative totale. Dans Ninan Auassat, la parole est à eux, à 100%, exit les experts qui parlent «au nom de».
Un autobus jaune dans l’immensité du territoire couvert de neige. L’image est belle à souhait, lumineuse ; elle témoigne de l’isolement, certes, mais également de la liberté qui règne au sein des communautés autochtones impliquées dans le documentaire. Ou une autre scène, en ouverture : cette fois-ci, des balançoires brisées qui volent à la force du vent qui les fait grincer. Ces images nous plongent au cœur des nuances – belles et moins belles – de ces milieux de vie où vivent des milliers de jeunes autochtones.
Quand Kim O’Bomsawin a commencé ce documentaire, en 2017, on ne dépeignait pas les communautés autochtones de la même manière. Plus souvent qu’autrement par la négative Elle reconnaît qu’aujourd’hui, le discours change et « qu’on en parle un peu mieux ». « J’étais fâchée de voir à quel point il y avait une différence entre ma perception de la jeunesse des Premières Nations et celles qui étaient représentées dans les médias, lance Kim O’Bomsawin. Il y a 10 ans, on parlait de suicide, de consommation, d’échec scolaire. J’avais une autre expérience. Cette jeunesse, je la trouvais plus brillante, plus mature, plus autonome que les jeunes issus de milieux privilégiés, en ville. Ils vivent parfois des grosses affaires, des choses qu’ils n’auraient pas dû vivre à leur âge, mais ça fait des jeunes allumés. Je les trouve magnifiques. »
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