Il y a 25 ans, à l’aube de sa vingtaine, Elisapie débarquait à Montréal directement de Salluit, une communauté inuite située dans le nord du Québec. Jeune, motivée, excitée, elle avait hâte de découvrir un nouveau monde. Rapidement, elle est devenue chanteuse, a obtenu du succès, et après quelques années à peine, elle s’est épuisée.

Épuisée de se faire constamment dire quoi faire, où aller, et surtout de se faire questionner sans cesse sur son peuple et son identité inuk.

Juste Elisapie

« J’étais juste une fille normale qui voulait faire de la musique. Être forcée d’assumer ce rôle de porte-parole c’était tellement lourd. Surtout que je sentais que ce n’était pas à moi de répondre à ces questions. On a grandi avec une hiérarchie. Chez nous, ce sont les aînés qui parlent, ce sont eux les sages », raconte-t-elle à L’Itinéraire.

Indépendante d’esprit, elle a toujours voulu s’exprimer en tant qu’Elisapie et non en tant qu’Inuk. Elle se désole que les artistes autochtones ne puissent s’en tenir à parler de leur art et soient contraints de traiter de questions identitaires qui parfois ne les concernent même pas.

Aujourd’hui après 20 ans d’expérience dans le métier, elle n’a toujours pas accepté ce rôle d’ambassadrice des nations autochtones, mais elle sent une évolution dans les mentalités. Sans céder sous la pression, elle arrive à en parler tout en respectant ses limites. Elle incite notamment les gens qui la questionnent à réaliser qu’elle n’est pas la seule artiste autochtone. Il y a plusieurs nations, plusieurs formes d’art et une variété de talents à découvrir.


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