Le feu neurologue anglo-américain, et célèbre auteur de L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau en 1985 ou encore Musicophilia en 2008, Olivier Sacks, écrivait à propos de la musique qu’elle peut « nous sortir de la dépression ou nous émouvoir aux larmes. C’est un remède, un tonique, un jus d’orange pour l’oreille. »

Dans le laboratoire du département de psychologie de l’Université de Northumbria, à Newcastle au Royaume-Uni, le professeur en neurosciences cognitives Leigh Riby s’intéresse aux effets de la musique sur le bien-être mental. Particulièrement sur la mémoire autobiographique.

Chez les personnes souffrant de démence, le pouvoir de la musique peut alors faire resurgir des souvenirs jusqu’alors oubliés comme l’a démontré une expérience avec l’ancienne ballerine hispano-cubaine Martha González Saldaña qui semblait se remémorer des mouvements de danse à l’écoute du Lac des cygnes de Tchaïkovski.

Les neurosciences ont déjà démontré le lien direct entre musique et libération de substances telles que l’ocytocine, les endorphines ou encore la dopamine notamment dans les régions du cerveau liées au plaisir et à la récompense. Pour autant, les conséquences thérapeutiques de la musique sur le cerveau vont bien au-delà du simple plaisir ressenti.

De la régulation des émotions au traitement de la dépression et même celui du cancer, la musicothérapie s’avère utile. On sait également que les interventions musicales peuvent donner de bons résultats sur les conséquences du stress comme l’élévation de la tension artérielle et la tension musculaire.

La musique peut également stimuler certaines régions du cerveau comme l’hippocampe, induite dans la formation de la mémoire, le cortex préfrontal responsable des fonctions cognitives supérieures, etc. Ces mêmes parties du cerveau peuvent également collaborer entre elles à l’écoute d’une composition musicale et ainsi créer une puissante expérience émotionnelle et cognitive. Autant de bienfaits que la recherche ne cesse de vouloir percer.

Qu’est-ce qu’un implant cochléaire?

Il s’agit d’un dispositif composé d’une partie interne qui est insérée sous la peau ainsi que d’une partie externe composée d’un processeur vocal muni d’une antenne. Les deux parties sont reliées et permettent d’analyser les sons, de stimuler le nerf auditif, d’envoyer l’information au cerveau et d’améliorer ainsi l’audition. L’installation d’un implant cochléaire s’effectue lors d’une chirurgie sous anesthésie générale, d’une durée moyenne de deux heures et qui ne nécessite pas d’hospitalisation.ontenu va ici

Qui peut bénéficier d’un implant cochléaire?

Chez les patients, adultes comme enfants, présentant une perte auditive sévère à profonde et pour qui l’usage des appareils auditifs n’est pas suffisant. Dès l’âge de 9 mois, les enfants peuvent bénéficier d’implants cochléaires. Pour les adultes, il n’y a pas d’âge maximal pour recevoir un implant cochléaire. Pendant six mois, un groupe d’enfants ayant une audition parfaite et un groupe d’enfants avec les implants ont participé à la recherche.

 

Les enfants sourds et la musique

L’Institut de recherche en musique et santé (IRMS) de l’Université d’Ottawa se concentre sur les bienfaits de la musique sur la santé humaine. Récemment, l’équipe de Gilles Comeau, fondateur et directeur de l’Institut, s’est intéressée et a évalué les bienfaits de leçons de piano sur des enfants sourds dotés d’implants cochléaires.

Les constats sont là : les enfants sourds avaient plus d’engagement et de plaisir envers leur apprentissage en plus d’avoir une confiance en soi et un intérêt plus important que les enfants à l’audition normale. De plus, la recherche du professeur Comeau démontre que ces enfants peuvent atteindre un niveau de compétences musicales très élevé, alors même que le port d’implants cochléaires limite malgré tout le niveau d’audition, ce qui peut rendre complexe le jeu instrumental.

« Quand on entend de l’intérieur, il est pratiquement impossible de jouer faux », affirme Alexandre, étudiant régulier en musique à l’Université d’Ottawa. Grâce à son oreille intérieure et à sa forte sensibilité aux sons, Alexandre peut jouer du violon, instrument qui demande une maîtrise fine des tonalités. Le jeune homme perçoit les vibrations, il ressent la musique.

Par ailleurs, l’lRMS souhaite propager les bienfaits de la musique en permettant aux tout-petits atteints d’une forme grave de surdité et suivis par le Centre hospitalier pour enfant de l’est de l’Ontario (CHEO) de prendre des cours de musique en complément de leur thérapie d’apprentissage du langage, post pose d’implant cochléaire.