Quand on m’a demandé d’être « Rédacteur en chef invité » de ce numéro spécial sur la littérature du magazine L’Itinéraire, j’ai pensé : pourquoi moi ?
Bien entendu, l’écriture fait partie de l’ADN de l’équipe de rédaction, mais également des camelots qui rédigent dans les pages de L’Itinéraire. De fait, pour moi aussi, l’écriture fait partie de ma vie depuis que je suis tout petit. Des petits recueils de poésie que je laissais partout dans mon école primaire à la rédaction d’articles culturels et sociaux dans le journal étudiant de mon institution secondaire à la publication de mon site internet dédié à Madonna et éventuellement à mon premier ouvrage sur mon idole ; l’écriture a toujours été un moyen de me libérer, de m’exprimer… de partager ! C’est aussi l’essentiel de mon travail comme libraire : partager avec les clients et lecteurs.
Lorsque j’ai fait la rencontre de l’équipe de L’Itinéraire pour une collaboration au Salon du livre de Montréal, l’accointance entre nous a été immédiate. Comme beaucoup de gens, je connaissais le magazine et ses camelots qui vendent fièrement chaque numéro au coin d’une rue, beau temps, mauvais temps. Mais en discutant avec eux, je me suis rapidement rendu compte qu’au-delà de l’engagement collectif, le magazine offre cette fierté d’avoir un travail, de faire partie d’un groupe. D’une famille. Tout ceci, par les mots. L’écriture.
Faut-il le rappeler, l’organisme se distingue par ses objectifs de réinsertion sociale, mais, encore plus important, il dispense du soutien, de la formation et surtout, d’une tribune pour plusieurs personnes qui n’ont pas cette chance d’être entendus. Leur offrir une plateforme qui leur redonne confiance en eux et leur donne ce pouvoir de changer quelque chose dans leur vie.
Organisme communautaire ou média ?
Cette dualité qui de prime abord ne semble pas cohabiter sainement dans les dédales politiques, pousse l’équipe à se battre afin d’obtenir cette aide précieuse et a peine à survivre ! Si les mots restent et que les paroles s’envolent, j’implore les instances publiques et les gens de notre société à bien comprendre la nécessité d’un projet aussi important que celui de L’Itinéraire. Et, surtout, qui doit se poursuivre ! Du moins, jusqu’à ce que l’organisme puisse fermer ses portes, lorsqu’il n’y aura plus personne dans le besoin…
À l’instar de mes amis, collègues et inspirations: Monique Proulx, Kim Thuy, David Goudreault et tous les autres auteurs, journalistes, réalisateurs, artistes et camelots qui ont écrit dans ces pages, je suis fier de maintenant faire partie de cette belle et grande famille !
Mais pourquoi moi ? Parce que ça peut arriver à n’importe qui ! Parce que ça aide des centaines de personnes ! Parce que l’écriture fait du bien. Parce que la lecture fait aussi beaucoup de bien. Parce que ça peut changer une vie. Parce qu’en me procurant le magazine, j’aide des hommes et des femmes à se sentir valorisés. Parce que je peux aider un organisme communautaire qui offre des services nécessaires.
Si je peux inciter, ne serait-ce qu’une personne, à mieux comprendre ces gens marginalisés, j’aurai réussi. Alors, pourquoi pas !