Mario Alberto Reyes Zamora
Participant Photojournaliste
Un des moments préférés de ma journée ? Découvrir l’accumulation des notifications et des publications de Facebook le matin. L’Itinéraire m’a demandé de faire un témoignage sur la dépendance à Facebook. Ce réseau social est dans la vie de ses 1,9 milliards d’abonnés, dont je fais partie. Bien sûr, comme plusieurs, je ne m’étais jamais demandé si oui ou non j’avais développé une dépendance à ce médium. J’ai donc poussé ma réflexion un peu plus loin.
Captivé par Facebook
Je passe des heures par semaine connecté à mon compte. Je mange devant mon ordinateur pour partager des publications coup de cœur et j’en enregistre pour les consulter plus tard. Je laisse mon Facebook ouvert en permanence pour être à l’affût de toute nouveauté. Au restaurant, je me connecte dès que j’ai un « instant de libre » au détriment des gens qui sont avec moi. Chez mes amis, le même phénomène se produit et malheureusement, l’une des seules raisons de ne plus consulter ma page est quand ma batterie est presque à plat. J’ai donc acheté une batterie externe pour charger mon téléphone n’importe où. Ces constats sont-ils des symptômes de dépendance ?
Qu’internet soit de plus en plus accessible n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour moi. Mais dans le monde de l’information, tout va très vite. J’utilise ce média social pour rester à l’affût de ce qui se passe dans la société, des événements et manifestations, pour créer la revue de presse interne de L’Itinéraire et pour garnir ma page ZRAM photojournaliste. Je partage aussi des informations humanitaires, environnementales et liées à des organismes socialement engagés.
En travaillant sur mon témoignage, je m’aperçois qu’une grande partie des publications ne m’intéresse que peu, voire pas du tout. Je remets en question la pertinence d’être abonné à autant de gens que je ne connais pas dans la vraie vie. Puis, je partage tant d’informations que même des gens proches de moi ont arrêté de suivre mon fil d’actualité.
Facebook est une drogue
Il y a une certaine satisfaction à voir ses publications personnelles partagées et aimées par le plus de gens possible. Au même titre qu’il est excitant de faire défiler le contenu de Facebook pour avoir accès à autant d’informations que je juge utiles ou divertissantes. Mais si ce média social me tient informé, mes interactions, elles, deviennent principalement virtuelles. Facebook est une drogue. Est-ce que je ne suis pas en train de rater quelque chose d’intéressant lorsque je ne suis pas sur Facebook ? Sans cet outil, par quel autre moyen devrais-je m’informer ? Ce média regroupe l’actualité que je ne trouverais pas aussi facilement si je cherchais par moi-même sur internet.
J’ai ouvert mon compte il y a dix ans. Je pense l’avoir fait parce que c’était dans l’air du temps. À cette époque, l’engouement était grand. En passant en revue mon historique, je réalise encore plus comment Facebook emmagasine des données sur tous leurs usagers. Cela me fait réfléchir sur le contenu que je vais publier dans l’avenir. Les gens peuvent voir beaucoup de renseignements sur moi, sans même que je m’en rende compte. Pour moi, Facebook restera toujours une source d’informations privilégiée.
Finalement, est-ce que je suis cyberdépendant ou pas ? Après toute cette réflexion j’ai pu conclure que oui. Je vais donc tâcher de respecter davantage les gens qui sont autour de moi, que ce soit au restaurant ou ailleurs, même s’il y a du wi-fi. J’aimerais aussi prendre le temps de manger en compagnie de mes collègues le plus souvent possible pour renforcer nos liens. Je vais redéfinir mon usage général de ce média en sélectionnant mieux les publications ouvertes à tous et celles réservées à mes proches. Je pourrais certainement passer plus de temps à lire, écrire, dessiner ou faire toute autre activité plus concrète.