C’est par un matin glacial de janvier que nous nous sommes assis devant un bon café à La Livrerie, chouette librairie du Centre-Sud, avec l’animatrice, nouvellement autrice, Rebecca Makonnen. Cette dernière a fait paraître, trois mois plus tôt, son premier livre, Dans mon sang, une quête identitaire aux accents autobiographiques.
Au-delà de cette « quête identitaire », terme que plusieurs ont utilisé pour qualifier son récit, Rebecca dit aussi livrer en 232 pages « une remise en question des liens de sang, une réflexion sur la hiérarchie des liens qui nous connectent aux autres, sur les secrets de famille, les mensonges commodes et les mythes fondateurs ».
Plus simplement encore, elle résume : « c’est un hommage à mes parents disparus, qui m’oblige à m’exposer et donc à m’émanciper ».
Pour la petite histoire, Rebecca Makonnen est née en Éthiopie. Sa mère adoptive, québécoise, est décédée en 2011; son père, éthiopien, lui, alors qu’elle avait seulement deux ans. Rebecca n’a jamais connu sa mère biologique qui était, du moins le temps de la nuit où l’autrice a été conçue, la maîtresse de son père. Bref, cette histoire familiale est chargée, et ce n’est que le début. On en apprend encore plus au fil des pages du livre.
La pression d’être proche de sa famille
Peut-être en raison de ce portrait de famille hors-norme, les liens de sang ne veulent pas dire grand-chose pour Rebecca Makonnen. « Ce n’est pas uniquement ça qui fait une famille », croit-elle, expliquant que son vécu le démontre.
Au cours de notre entretien, elle se questionne d’ailleurs sur les obligations que plusieurs s’imposent au nom de la famille. Une pression qu’elle observe particulièrement pendant le temps des Fêtes alors que plusieurs personnes se forcent à aller passer du temps dans leur famille.
« On est conditionné à penser qu’on doit être super proche de nos pères, mères, frères, sœurs, qu’on est tenu de leur assurer une loyauté sans faille et de bien s’entendre avec eux, tout en sachant très bien que ce n’est pas toujours la vérité. Tu peux grandir au sein d’une famille violente, toxique ou juste en n’ayant pas les mêmes valeurs, les mêmes réflexions. Tu peux n’avoir ni intérêt en commun ni complicité. Mais parce qu’on a un lien biologique, il faudrait, au nom d’une mystérieuse loi, passer notre temps avec les membres de cette famille? Pourquoi? »
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