Depuis son élection à la tête des États-Unis, Donald Trump n’a pas parlé une seule fois d’itinérance. Ni de logement social d’ailleurs, ni de lutte à la pauvreté, ni de mesures de réinsertion. Chez nos voisins du Sud, on anticipe le pire. Notre gouvernement provincial, avec son prochain plan de lutte à la pauvreté, qui sera dévoilé très bientôt, doit adopter un message contraire en cessant l’austérité et réinvestissant dans la lutte à l’itinérance et la pauvreté.
Donald Trump parlait sans cesse de sa volonté de se battre pour les hommes et femmes oubliés du système, pour les gens issus des classes ouvrière et industrielle qui doivent travailler d’arrache-pied pour joindre les deux bouts. De qui parlait-il exactement ? En tout cas, certainement pas des personnes itinérantes, et tout porte à croire que son discours ne traduit aucunement un désir de lutter contre la pauvreté.
Anticiper le pire
Depuis six ans, l’itinérance est en baisse aux États-Unis, grâce notamment à de gros investissements dans le logement social. Selon le 2016 Annual Homeless Assessment Report to Congress, le nombre de personnes en situation d’itinérance chronique avait diminué de 27 % depuis 2010. Le président de l’époque, Barack Obama, avait développé Opening Doors, la première stratégie globale afin de lutter contre l’itinérance et la prévenir. Selon les données compilées par le Département du logement et du développement urbain des États-Unis, la stratégie semblait fonctionner, grâce entre autres à plusieurs investissements et mesures pour davantage de logement social.
Trump démontre qu’il a l’intention de détruire à peu près tout l’héritage d’Obama. Suspension d’Obamacare, de l’accueil de réfugiés, désir de sortir les États-Unis du Partenariat transpacifique. La nomination, début décembre, de Ben Carson comme secrétaire du développement du logement urbain n’a rien fait pour rassurer les personnes itinérantes et à risque. M. Carson n’a aucune expérience politique en matière de logement. Il a déjà affirmé que « la pauvreté est davantage un choix que toute autre chose ». Tout semble donc indiquer que les effets de ses politiques pourraient s’avérer catastrophiques.
Quelles répercussions ici ?
De façon similaire, depuis deux ans, les budgets québécois pour des actions prioritaires dans la lutte contre l’itinérance ont été coupés. Le financement de nouveaux logements sociaux est passé de 3 000 à 1 500 unités.
En prévision de son troisième plan de lutte à la pauvreté, dont la sortie est prévue très bientôt, le gouvernement du Québec doit rétablir ce financement.
Il doit cesser l’austérité et augmenter radicalement l’investissement. Il doit, comme Pierre Gaudreau, coordonnateur au RAPSIM, l’a affirmé lors du Ralliement de la rentrée en itinérance, suivre l’exemple d’Ottawa. Le 16 janvier, le gouvernement du Canada a annoncé un investissement de 407 millions de dollars sur deux ans, incluant une contribution de 121 millions par le gouvernement du Québec. Cela faisait suite à l’annonce, début 2016, d’une augmentation du budget fédéral pour l’itinérance de 50 % pour les deux prochaines années, dont 10 millions de dollars de plus pour Montréal. C’était une première augmentation du budget fédéral pour lutter contre l’itinérance depuis la création, il y a 15 ans, de la Stratégie de partenariats pour la lutte à l’itinérance (SPLI).
On ignore pour le moment l’effet qu’aura l’élection de Trump sur les développements économique, social et culturel au Québec. Ce que l’on sait par contre, c’est que les gouvernements canadien comme québécois ne doivent pas se laisser influencer par les politiques de M. Trump et basculer dans l’extrême droite. Ils doivent se tenir debout et se battre pour le mieux-être de notre société.
Contrairement à Donald Trump, ils doivent faire de la lutte contre la pauvreté et l’itinérance un enjeu prioritaire
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