Photos Mario Alberto Reyes Zamora, ZRAM
Dans une ambiance rythmée par les tambours de Young Feather – un groupe de jeunes Atikamekwde la réserve Wemotaci en Mauricie – le Forum social mondial de Montréal battait son plein dans le village du FSM situé au coin des rues Clark et Sainte-Catherine.
Tenu pour la première fois dans un pays de l’hémisphère nord, l’événement mondial a attiré moins de participants qu’anticipé au départ.
Pourquoi moins de participants ? Katia Stuart-Gagnon, chargée des communications du FSM explique : « L’objectif de départ était de 50 000 participants, nous avons eu 15 000 préinscrits, ce qui représente davantage que le dernier forum qui avait lieu à Tunis. Par ailleurs, beaucoup de gens ont vu leur visa refusé et les délais ont été extrêmement longs ; 70% d’entre eux ont été empêchés d’entrer au Canada. Nous avons envoyé 2000 lettres d’invitation, nous avons contacté 315 d’entre eux et 220 n’ont pas eu de visa ».
Une militante bâillonnée?
« Je suis un peu déçue de l’achalandage », exprime Angélique Diène, membre jeunesse de Développement et Paix. La jeune Sénégalaise d’origine établie à Montréal depuis 2013 voulait faire connaître son organisme et faire signer leur pétition. « Je pense que les gens des pays du Sud devraient être en mesure d’obtenir leur visa pour ce genre d’événement. La réciprocité des visas pour tous. Le refus de nombreux visas comme pour l’ex-ministre malienne et militante altermondialiste Aminata Traoré est une honte. Elle fait peut-être peur car elle a des choses à dire : c’est une terroriste des mots, mais pas des bombes. On veut la faire taire peut-être? »
120 pays invités
Faire taire ou pas la candidate dans la course au poste de secrétaire de l’organisation des Nations unies, la question demeure pourquoi ne voit-on pas davantage de participants multiethniques puisqu’il y a près de 120 pays invités?
«Il y a 50% de nos partenaires étrangers qui n’ont pas pu venir à cause de leur visa, renchérissent Maxime Delevaux, 23 ans, qui étudie en agronomie et est originaire d’Avignon en France et Guirec Quéré, 31 ans, qui est ingénieur civil et originaire de Bretagne. Le FSM est une manière de redonner le pouvoir de s’exprimer et d’avoir un impact réel. Avec ce premier rassemblement dans un pays de l’hémisphère nord, on s’attendait à beaucoup de richesse de points de vue, alors que 90 à 95% des gens présents viennent de l’hémisphère nord; c’est une vision nordiste sur des sujets tels que la consommation des aliments et des vêtements», disent-ils.
Alors qu’ils en sont à leur première participation avec CCFD-Terre Solidaire, Maxime et Guirec sont venus grossir les rangs de cette délégation de 150 jeunes divisée en trois groupes dont celui de souveraineté alimentaire et justice climatique. Ils font par ailleurs partie du mouvement déchétarien, soit le fait de fouiller dans les poubelles des magasins de grande distribution et des restaurants pour en extraire des aliments encore consommables. « Environ 75 à 80% de la nourriture est invendue dans les boulangeries et les charcuteries. Nous transformons ces aliments afin de réduire les coûts », affirment-ils fièrement.
Alors que 57 millions d’enfants ne vont pas à l’école et de ces chiffres un enfant sur six dans le monde travaille, le slogan « un autre monde est nécessaire » prend tout son sens. Parmi les têtes d’affiche se trouvent notamment l’auteure et activiste canadienne Naomi Klein, l’économiste italien Ricardo Petrella, le vice-président socialiste de la Bolivie Álvaro García Linera.
Sarah-Maude Belleville, 26 ans, coopérante volontaire pour Avocats sans frontières qui a fait un stage pour son barreau en Haïti d’octobre à mai dernier était là afin de défendre les enfants et les femmes en situation de vulnérabilité. « J’étais surtout choquée de voir des enfants de 10 ans en prisons sans jamais avoir rencontré de juges. J’ai donc travaillé avec le bureau des droits humains en Haïti qui fournit des services juridiques gratuitement pour les gens oubliés en prison».
En marge du Forum social mondial, une manifestation d’une cinquantaine de militants contre le projet d’oléoduc Énergie Est de TransCanada a eu lieu sur la rue Sainte-Catherine.