Dans la salle à manger de madame Guérin était exposé un clochard, un peu ivre, assis sous un lampadaire, raconte en entrevue Chantal Lamarre et sa complice, Catherine Ethier, estomaquée à l’évocation de ce souvenir. « Un robineux », poursuit-elle, dont on disait souvent qu’il avait mérité de finir ainsi, à la rue.

Mérite-ton l’itinérance comme on mérite un salaire? Comme les deux chroniqueuses de Radio-Canada, l’humoriste François-Étienne Paré et la journaliste et animatrice Johane Despins ne peuvent même pas envisager que cette perception soit encore d’actualité en 2024. Dans une série d’entretiens, les quatre personnalités publiques confient leur perception de l’itinérance, et de cette précarité encore trop présente dans les rues de Montréal.

Mettre un visage sur la misère

On saisit rapidement en discutant avec François-Étienne Paré que l’empathie envers les personnes en situation d’extrême vulnérabilité peut exister sans avoir fréquenté la rue. C’est plus une question de se bousculer soimême, comme l’exprime l’humoriste et directeur artistique de la Ligue nationale d’improvisation (LNI). Pour lui, la meilleure manière de développer son empathie est de redonner ce qu’il a eu la chance de recevoir, directement auprès des personnes marginalisées. « Ça met des visages et des noms sur ces réalités-là, ça aide à comprendre que ça peut arriver à n’importe qui, à soi ou à sa famille, de se retrouver à la rue. »

« On est tous à une dépression, à un coup de malchance, à une inondation, de vivre l’itinérance. Il suffit de regarder ces gens qui n’avaient pas le profil de l’itinérance, finir à la rue. »
– Catherine Ethier


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