À l’entrée du Centre canin européen, deux chèvres se hâtent. Elles semblent chargées de l’accueil des visiteurs. À quelques mètres d’elles, pigeons d’ornements et paons se détendent dans une volière éventrée sous le regard de deux chevaux à la retraite. Au-delà, on aperçoit une modeste petite maison construite à quelques pieds d’un lac enneigé. Jusque là, rien ne rappelle un centre canin, si ce n’est l’intensité des jappements de chiens. Et à l’oreille, ils semblent nombreux. C’est ici, près d’Eastman en Estrie, que L’Itinéraire a rencontré Alain Chiocchi, comportementaliste et dresseur canin, aussi pour le cinéma.
Les deux pieds sur le perron de la petite maison, Alain Chiocchi, propriétaire du Centre canin européen, ouvre la porte comme une invitation à entrer. Mais avant même d’emboîter le pas, une douzaine de grands chiens à la gueule foncée s’élancent hors de la maison. Ils reniflent et inspectent la visite, agglutinés autour d’elle pour en identifier son pedigree, avant de passer leur chemin, direction leur terrain de jeu boisé de 21 acres. C’est le moment choisi par le dresseur, sourire en coin, pour lancer un: « Vous n’avez pas peur des chiens, j’espère ? » L’effet de surprise est réussi !
À l’intérieur de la maisonnée, des chiens bien sûr: Enzo, Fidji, Inuk, Taïga, Simba… surtout des bergers allemands à poil long. Ils cohabitent avec un gris du Gabon et Lucky, le perroquet qui ouvre les ailes chaque fois qu’il entend: « Waouh, Lucky, c’est beau! »
Par la fenêtre, on peut voir Maya, une louve blanche, l’un des rares animaux du centre en clôture.
Tout le monde semble s’entendre à merveille dans la maisonnée des chiens. Parce que oui, la fameuse petite maison n’est occupée que par eux. Pas de cage ici. Le long des murs trônent des gamelles communes de nourriture et d’eau, ainsi que des jouets. Pourtant, pas de bagarres. « Le soir, je fais décongeler de la viande directement dans l’évier de cette maison, et le matin, elle est encore là », raconte Alain M. Chiocchi pour illustrer le niveau de bonne éducation de ses compagnons. Même les chiens en pension-dressage ou en rééducation semblent se plier aux règles, sans difficulté.
Assis, couché, saute…
À entendre parler Micheline, la conjointe du dresseur, Alain Chiocchi a du chien en lui. Exactement comme le lui avait dit, il y a plus de 50 ans, son ami et mentor Gaétan Garziano. C’est à lui qu’il doit sa passion pour le ring d’ailleurs, un sport canin extrêmement rigoureux qui impose une parfaite obéissance du chien.
À cette époque, on est en 1969. Alain Chiocchi n’a que 8 ans :
« C’était mon voisin quand je vivais en Lorraine, dans l’est de la France, commence le dresseur. Il avait un malinois, Lasso, un berger allemand, Gordon, et un briard. Assis, couché, saute… Je l’observais entraîner ses chiens tous les jours, pendant que ma mère me criait de rentrer souper, à deux maisons de là. Puis un jour, il m’a demandé de l’aider. De fil en aiguille, j’ai enfilé une manchette [manchon de protection qui absorbe les morsures de chiens en entraînement]. J’étais tellement jeune et léger que quand le chien secouait sa tête, je m’envolais (rires). »
Le dresseur en herbe ira sept fois en championnat de France avec Gaétan Garziano. Et 50 ans plus tard, il poursuit cette même passion du dressage, qui vaut autant pour un chien de particulier, que pour un chien comme Uggie, le Jack Russell du film The Artist, devenu vedette internationale.
Vous venez de lire un extrait de l’édition du 1er avril 2023. Pour lire le texte intégral, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot.