« Moi ça? Tu veux moi? » , s’est étonnée la comédienne Anne-Élisabeth Bossé en ouvrant le courriel de son ami et directeur artistique du Théâtre Duceppe, Jean-Simon Traversy. Les gens, les lieux, les choses ; c’est dans cette pièce que l’actrice incarne avec brio le personnage d’Emma, une jeune fille toxicomane. Une plongée sans détour dans l’intensité du sevrage, à «vivre» jusqu’au 12 octobre. En entrevue, la comédienne raconte sa rencontre avec son personnage, leurs affinités et leurs différences.

Emma est comédienne, comme son interprète. Un hasard. Elle aurait tout aussi bien pu être mère au foyer, secrétaire ou pdg. d’une start-up… Assise à même le sol, à peine consciente de ce qui a fait son lendemain de veille, l’angoisse de dépérir s’entrechoque avec celle de ne pas pouvoir vivre sans consommer. Seulement, Emma doit faire un choix : les drogues ou elle. Un choix comme Anne-Élisabeth Bossé a dû en faire dans sa vie : « Quand je suis sortie du conservatoire, je pouvais être un peu scrap tout le temps. Puis un matin, alors que ma carrière avançait, je me suis aperçue que je ne pouvais pas continuer de me maganer et performer. »

Pas d’happy end

Hésiter entre la drogue et son conjoint ou ses enfants… Ce choix, d’une évidence pour certains, est un véritable dilemme pour d’autres. C’est là toute la complexité du sevrage, mis en scène avec force et bienveillance par Olivier Arteau, à partir du texte traduit People, Places & Things, de l’auteur britannique Duncan Macmillan. Arrêter de consommer, c’est « perdre sa meilleure amie », c’est se demander « où je vais trouver mon fun ? », souligne Anne-Élisabeth Bossé, dont le talent s’exerce sur les planches après cinq ans consacrés aux petit et grand écrans.