Les aînés constituent le plus grand bassin d’électeurs au Québec. Et on prévoit que d’ici 10 ans, les 65 ans et plus formeront plus de 25% de la population. C’est pourquoi, à chaque élection, les candidats prennent les résidences d’assaut. On les courtise activement et on leur fait des promesses à tout casser.
Or certaines choses ont changé depuis les dernières élections provinciales. Placés devant l’évidence de leur poids démographique, de leurs revendications et de leurs prises de position face aux grands enjeux de société, les élus, et la société en général, regardent les plus vieux d’entre nous d’un œil différent. Les aînés ne sont plus vus comme un bloc homogène de personnes âgées qui jouent au bingo dans des RPA ou qui aboutissent invariablement dans des CHSLD. Ce groupe d’âge est aussi diversifié que le reste de la population.
Car il y a une différence entre des personnes actives de 65 ans et celles de plus de 85 ans en perte d’autonomie. Bien sûr, tout dépend de l’état de santé et de la situation financière de ces dernières. Mais de nos jours, les têtes grises sont plus présentes sur le marché du travail que jamais et sont impliquées dans une foule d’activités sociales et de loisirs.
Petite anecdote: j’ai récemment eu l’immense plaisir de m’entretenir avec Claire Sigouin, 107 ans, qui a fait l’objet d’une exposition de la photographe Justine Latour, présentée au World Press Photo Montréal. La dame était allumée, droite comme un i et visiblement heureuse de jaser avec le public. Mais Mme Sigouin, c’est l’exception. Elle semble avoir gagné à la loterie génétique!
Ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde. Un grand nombre de personnes âgées sont placées volontairement ou non dans des résidences publiques ou privées, voire des CHSLD alors qu’elles pourraient très bien vivre chez elles. Mais les soins à domicile, qui permettraient sans doute d’être plus heureux chez soi, sont déficients, sous-financés et plombés par le manque de personnel.
Le gouvernement et les candidats de tous les partis promettent d’injecter des millions pour remédier à la situation. Soulignons par ailleurs que ça fait des décennies qu’on parle d’améliorer les soins à domicile. Reste à voir si ce sera le cas après le 3 octobre.
Pour ce qui est des aînés qui souhaitent rester ou retourner au travail, tous les partis promettent des mesures comme des allègements fiscaux.
Quoi qu’il en soit, la société et le monde du travail devront s’ajuster rapidement au vieillissement de la population. Les 65 ans et plus veulent travailler encore parce que la retraite serait longue, considérant qu’ils vivront en général jusqu’à au moins 85 ans. Mais à leurs conditions par contre: finies les semaines de 40 heures, on veut ralentir la cadence tout en continuant à contribuer à la société et en se rendant utiles.
Les aînés, ces anciens jeunes qui ont connu les grands événements qui ont révolutionné notre société au cours des 50 dernières années, ceux qui nous ont mis au monde, ont des choses à dire. Faudrait peut-être les écouter.