Pendant que mes collègues de la rédaction se relayent les un.e.s et les autres pour recharger leurs batteries en vacances, je repousse les miennes en septembre, possiblement en octobre. Remarquez qu’il fait encore beau et chaud pendant ces mois-là, et qu’il y a pas mal moins de touristes dans les grands lieux de villégiature.

Il serait tentant d’aller visiter les grandes villes européennes pour découvrir leurs attraits, mais depuis quelques années, la grogne monte en raison du surtourisme, qui a des effets délétères tant sur les populations que sur l’environnement.

L’an dernier, je suis allée à Barcelone, que j’ai longtemps voulu visiter. J’ai logé avec mon co-voyageur dans un Airbnb, un beau petit appartement situé dans le cœur du très chouette quartier Gracia. Idéal comme point de chute pour déambuler dans cette ville mythique. L’avantage était que nous avions chacun notre chambre et une cuisine toute équipée pour préparer nos repas. Pas mal moins cher que si nous avions séjourné dans un hôtel, qui, les moins chers, sont situés en périphérie.

Mais en arrivant, nous avons constaté qu’il y a avait des autocollants « Tourists go home » un peu partout dans le quartier, dont l’un collé sur la porte de l’édifice où on a logé. En parlant avec les commerçants du coin, on a appris que Barcelone était aux prises avec une grave crise du logement et que les Airbnb étaient largement en cause.

Ils en avaient marre

Dernièrement, le mécontentement des citoyens qui se sont mobilisés face à la multiplication de ce type de locations (il y a en a plus de 10 000 à Barcelone) a été entendu.

On apprend que la grande ville catalane a pris le taureau par les cornes et va interdire les locations de type Airbnb sur son territoire. Une bonne nouvelle pour les Barcelonais qui, comme les Montréalais, en plus d’une pénurie de logements, font face à d’importantes hausses des loyers.

Ça fait réfléchir sur l’impact qu’on a quand on voyage. Et ça fait réfléchir sur ce qui se passe chez nous.

L’an dernier, à Montréal, on comptait environ 14 000 logements de type Airbnb, dont seulement 1 000 avaient un numéro d’enregistrement, selon Radio-Canada. Depuis mars – à la suite du tragique incendie dans un Airbnb illégal dans le Vieux- Montréal, qui a coûté la vie à sept personnes –, le gouvernement du Québec et l’entreprise Airbnb elle-même ont resserré les règles, ce qui a eu comme effet de diminuer le nombre de ces locations à court terme. Une bonne chose, mais ce n’est pas assez.

Les loyers devenus trop cher pour le commun des mortels, la cupidité de certains propriétaires, le manque d’offre, la lenteur et la lourdeur administrative pour construire des logements sociaux, les montants insuffisants accordés par les gouvernements sont autant d’embûches qui laissent présager qu’une sortie de crise, ce n’est pas pour demain. Les Barcelonais ont eu la bonne idée de se mobiliser pour faire changer les choses. Et nous, en avons-nous assez pour en faire autant ?


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