Vivre dans la rue est malheureusement le sort de milliers de personnes au Québec. Pour les itinérants de longue date comme pour les nouveaux venus dans le monde des sans-abri, la réalité de la rue est dure. Si en général, c’est chacun pour soi, il se forme aussi de belles amitiés, des complicités et même des couples.
Mais qu’est-ce qui arrive quand on s’aime, qu’on a envie de l’autre, qu’on recherche de l’intimité, de l’affection ? Ou encore, carrément une bonne baise. Je le dis crûment, vous m’en excuserez. Tous ces désirs, voire ces besoins, ne sont pas réservés uniquement à des gens qui ont un toit. Les personnes en situation d’itinérance ont aussi des besoins d’affection et de tendresse.
Alors que faire quand on vit dehors ou que l’on dort dans un refuge ? La plupart des ressources d’hébergement d’urgence n’acceptent pas les couples. Alors quand le désir se fait insistant, eh bien, il faut être créatif pour l’assouvir.
Un sujet peu abordé
Nos deux journalistes Karine Bénézet et Simon Bolduc ont voulu aborder le sujet de la sexualité dans la rue parce qu’on en parle trop peu. Il a fallu faire des recherches exhaustives pour dénicher des documents à ce sujet. Peu de spécialistes s’intéressent à la question et les réponses sont tout aussi absentes. Mais ils ont déniché quelques pistes présentées dans le dossier principal de ce numéro.
Il faut dire que le sujet est confrontant, car entouré de tabous. Il nous pousse à examiner nos préjugés et la définition que l’on appose au sexe en milieu d’itinérance. Oui, c’est un univers dur, marqué par la violence, l’insalubrité, des enjeux de santé mentale. Le sexe dans la rue peut être purement physique, exempt de sentiments doux. Il y a aussi des agressions. C’est un monde dangereux tant pour les femmes que pour les hommes plus vulnérables.
Mais il a aussi des couples, comme Alex et Jess*, comme Hervey et Lynda dont on parle dans ces pages, qui ne demandent rien de plus qu’un endroit où ils peuvent s’aimer, derrière une porte close.
Et pourquoi pas ?
Lisez aussi l’excellent portrait de la profession de sexologue spécialisé en délinquance sexuelle de notre collègue Jules Couturier. Il présente à la fois le point de vue d’un délinquant sexuel, qui s’est confié à notre journaliste en toute candeur et celui des thérapeutes qui viennent en aide à des gens comme Mathieu qui témoigne dans nos pages. Une lecture instructive et interpellant.
* Prénoms fictifs
Vous venez de lire un extrait de l’édition du 15 février 2024. Pour lire l’édition intégrale, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot ou abonnez-vous au magazine numérique.