Vince vient de Maskwacis, un territoire de la nation crie au sud d’Edmonton et au nord de Calgary, en Alberta. À 4 ans et demi, il atterrit au Québec après avoir été adopté. Il quitte finalement la province à 17 ans pour la Colombie-Britannique. Ce n’est qu’en 2016 qu’il revient au bercail.
2021. Vincent Colette est de retour à Montréal depuis 2016, après avoir quitté la Colombie Britannique et laissé derrière lui une part de famille. Il sait pouvoir se reconstruire à Montréal, une ville qu’il affectionne tout particulièrement.
« Je me disais qu’il y avait du travail ici », pensait-il avant de traverser le Canada en backpack, pouce en l’air. Mais une fois dans la métropole, s’insérer sur le marché économique a pris plus de temps que prévu. « J’ai fait du nettoyage de rue au début pour le GIT, puis après, avec Alphanet. À ce moment-là, je dormais à Projet Autochtones Québec, rue de la Gauchetière. », un refuge mixte qui offre de l’hébergement en dortoir, des services d’intervention psychosociale, du soutien à la recherche d’emploi et de quoi manger. Bref! Un organisme de première ligne en réponse à des besoins de base, dédié aux personnes autochtones. « On le sait, ils ont de la misère dans toutes les sphères de la vie, les Autochtones. Moi, je suis resté là longtemps, j’aimais ça. »
Puis, en 2021, « des chums de filles » lui parlent du programme de la Maison ronde. « La Maison ronde? C’est quoi ça? », rétorque-t-il. Comme il ne faisait «pas grand-chose de sa vie », il convient qu’une journée de travail par semaine, à faire du service dans un café et un peu de popotte ferait office d’occupation. À ce moment, sa vie était bercée par les bruits des ponts sous lesquels il dormait et une importante consommation d’alcool.
La cuisine, il connaissait déjà ça, affirme Vincent, entre autres domaines d’ailleurs, souvent éloignés les uns des autres: « Construction, déménagement, pêche au crabe aussi », l’une de ses meilleures expériences confie-t-il. « Une run, c’est deux semaines sur l’océan, décrit-il. Je suis arrivé pour la dernière. J’avais le cœur brisé en mille morceaux quand ça s’est arrêté. »
« J’ai finalement commencé le programme Maison ronde en février 2022. » Et ce que lui a apporté ce cadre est inestimable. « Quand j’ai demandé à faire plus d’heures, on m’a proposé une job comme responsable de la formation des participants. J’ai été tellement touché! Ce sont les filles [les intervenantes du programme] qui ont cru en moi. Moi, j’ai encore de la misère à croire que j’en suis là. », avoue-t-il, quatre mois plus tard.
Depuis le 11 septembre dernier, Vincent est donc employé par L’Itinéraire pour le programme de pré-employabilité Maison ronde. Son travail? Aider des jeunes dont il connaît bien le parcours et les enjeux (pour être passé par là) à « faire quelque chose de leur peau », comme il le dit avec beaucoup d’empathie.
Le programme Maison ronde cherche à aligner les pas des participants dans la bonne direction, explique-t-il: « Travail, études, bénévolat, volontariat… ».. Comme cette jeune fille finissante du programme, qu’il cite en exemple: « Aujourd’hui elle est aux études et a arrêté de consommer. On appelle ça un succès! » Vincent sourit avec gêne et fierté lorsqu’on souligne qu’il en est un aussi de succès. « J’avais des doutes du genre: “t’es un moins que rien, va t’en pas là…” Mais j’aime les challenges et apprendre, alors je me suis laissé une chance, dit-il avant de conclure : J’ai bien fait ».