Il y a plus de 25 ans lors d’un voyage à New York, une jeune femme m’a dit: « Je suis tellement contente d’avoir trouvé un (minuscule) appartement … que je peux presque me payer! ». Je trouvais ça épouvantable et estimais qu’on était chanceux à Montréal d’avoir l’embarras du choix quand arrivait le 1er juillet, et que ça ne nous coûtait pas un bras. Dans le temps, c’était 100$ la pièce, plus 50$ le demi. Donc un 4½ coûtait au bas mot 450$. Imaginez… Ce taux de loyer a été le même jusqu’en 2012, où les hausses ont commencé à se faire sentir. Cette année-là, un loyer pour un deux chambres à coucher est passé de 495$ à 681$ . Aujourd’hui, ce même 4½ s’élève en moyenne à environ 1200$ par mois dépendant du quartier…
À force d’entendre parler de crise du logement, on oublie que d’avoir un toit décent au-dessus de la tête est un droit, et non un luxe. On est rendu au point où on se contente de peu; bien des gens sont reconnaissants de ne pas se retrouver à la rue. C’est le cas de plusieurs de nos camelots qui paient des studios 1000$ par mois ou encore qui louent des bicoques infestées, parce que c’est toujours ben mieux que de finir sans-abri.
C’est dans ce contexte difficile que L’Itinéraire doit naviguer pour aider non seulement nos camelots, mais aussi nos participants au programme PAAS-Action et à ceux et celles de la Maison ronde.
À ce sujet, je passe la parole à notre directrice des opérations, Vanessa Tremblay. « La grande force de L’Itinéraire, c’est notre flexibilité, on s’adapte à chaque personne pour répondre à ses besoins, selon son cheminement et où elle est rendue. On peut avoir une personne qui nous arrive de la rue, une autre qui perd son toit lorsqu’arrive le 1er juillet, une autre qui a du mal à se maintenir en logement. »
Par exemple, un de nos camelots subissait une rénoviction et n’avait que deux mois pour se trouver un toit. « Pour n’importe qui, c’est une situation anxiogène, mais pour quelqu’un avec des enjeux de santé mentale, en plus d’avoir de la difficulté à joindre les deux bouts, c’est tout un défi, souligne-t-elle. Avec nos intervenants, on l’a aidé à structurer sa démarche, de l’aiguiller vers les bonnes ressources. On l’a accompagné pour réduire le stress. Finalement il a trouvé quelques jours avant le 1er juillet. Il aura fallu toute une équipe pour faire ça. C’est un travail global, englobant. »
Elle poursuit: « Pour quelqu’un qui sort de la rue, d’un refuge, l’étape 1, c’est d’aller chercher son numéro d’assurance-sociale, ses relevés d’impôts, voir s’il peut avoir accès à un logement subventionné… C’est une démarche qui demande de la constance et un suivi serré, et il faut que la personne accompagnée soit motivée et participe à sa réinsertion en logement. »
Quelles sont nos plus belles histoires de réussites? Vanessa réfléchit: Il y en a plusieurs, dit-elle. Mais on s’entend sur le cas de James, notre success story préférée. James a vécu de nombreuses années dans la rue, plusieurs hivers à coucher sous un balcon d’un presbytère, emmitouflé dans ses deux sacs de couchage avec une boîte de carton comme seule protection contre le sol gelé. Son placement en logement ne s’est pas fait du jour au lendemain, il a fallu quelques essais et échecs et plusieurs années pour le stabiliser. Maintenant, il habite une chambre depuis environ quatre ans. Encore une fois, il aura fallu toute une équipe pour y arriver.
L’aide au logement n’est qu’un des nombreux services qu’offre notre organisme. On vous invite à entrer dans les coulisses de L’Itinéraire, dans les pages qui suivent pour découvrir tout ce que l’on fait.
Vous venez de lire un extrait de l’édition du 1er août 2023. Pour lire l’édition intégrale, procurez-vous le numéro de L’Itinéraire auprès de votre camelot ou abonnez-vous au magazine numérique.