Je cite Joséphine Bacon, qui écrit dans nos pages: « Le rêve du colonialisme était de nous faire disparaître. On disait que dans 50 ou 100 ans, il n’y aurait plus d’Indiens. Et pourtant, on est toujours là et plus forts que jamais ».
La grande poète innue parle de l’époque où l’un des «pères de la Confédération canadienne», John A. Macdonald (1815-1891), responsable de la création des pensionnats autochtones avait comme mission avouée de « tuer l’Indien dans l’enfant ». Quelle abomination !
Mais, diront certains, c’était à une autre époque et on a évolué depuis ce temps. S’il est vrai que les mentalités ont beaucoup changé et qu’on a donné un grand coup de barre dans les efforts de réconciliation, le racisme systémique existe toujours. Les séquelles de la dépossession des terres et de l’identité des Autochtones sont encore bien réelles et les plaies encore bien vives.
Ce n’est pas de l’histoire ancienne
Le traitement inhumain qui a été réservé aux enfants autochtones, à leurs parents, à des communautés entières, à tout un peuple se poursuit encore aujourd’hui. Notons aussi que le dernier pensionnat autochtone au Canada a fermé ses portes en 1996. C’était il y a 25 ans! Ce n’est pas de l’histoire ancienne ça… Ces maux, des traumatismes transmis de père en fils, de mère en fille prendront des générations à guérir.
Joyce Echaquan. 215 enfants autocthones. Et combien d’autres encore ?
Ces événements soulèvent le couvercle d’une réalité puante maintes fois minimisée, occultée ou ignorée. Aujourd’hui, on peut difficilement détourner le regard. Les paroles vides des politiciens et les vœux pieux ne passent plus. Ces tragédies, nous les ressentons tous et toutes dans nos tripes.
À L’Itinéraire, nous sommes profondément choqués et attristés par ces derniers événements. Nous sommes solidaires des peuples autochtones et partageons leur peine, leur colère et leur indignation. Nous croyons que ce sont eux qui nous montreront quelles seront les actions à entreprendre pour réparer les torts qu’ils ont subis. Nous croyons également qu’il est temps de réécrire l’histoire en avouant, en tenant compte de la réalité aussi pénible et difficile soit-elle.
À eux et elles la parole
Dans cette édition spéciale Autochtones, la troisième depuis 2017, les Stanley Vollant, Joséphine Bacon, Virginia Pésémapéo Bordeleau et autres sont venus nous parler de leurs réalités.
Aujourd’hui, c’est leur parole. Elle est forte, elle est fière et nous le sommes tout autant de leur offrir nos pages pour la faire entendre haut et fort !