Obligatoire à l’école et au travail, votre masque jetable coûte environ 7 cents et, dans la meilleure des hypothèses, le double pour être recyclé. Un demi-million d’entre eux sont utilisés chaque jour dans les écoles secondaires. Et, bien que des boîtes de récupération commencent à être utilisées, à défaut d’en avoir une à proximité, on en retrouve par million à la poubelle, au sol ou dans la nature.
Recyclage, enfouissement ou incinération, les options pour traiter ce nouveau déchet popularisé par la pandémie, font débat. S’ils sont utilisés depuis longtemps dans les milieux hospitaliers, les masques, gants ou blouses n’étaient pas pour autant recyclés avant la crise sanitaire.
Un rapide sondage maison dans certains établissements montréalais a révélé qu’avant la pandémie, les masques et autres matériaux utilisés par le personnel médical pour se protéger étaient à usage unique. C’est le cas notamment au CHUM, où l’on dit ne pas avoir trouvé de solution satisfaisante permettant le recyclage (et non l’incinération) et la traçabilité des équipements de protection individuels. Le matériel souillé se retrouvait donc déjà avec les autres déchets à la poubelle, sauf s’ils étaient imbibés de liquides biologiques, auquel cas, ils étaient acheminés vers les déchets biomédicaux. Il n’existe donc aucune réelle expertise. Comme tout ce qui concerne la pandémie, l’avion est construit en plein vol.
Ceci n’étonne pas vraiment Denis Rodrigues, professeur en génie chimique et spécialiste du recyclage à l’Université Laval. « La pandémie est un cas particulier parce qu’il y a eu une variation soudaine des demandes qui a donné lieu à de l’accumulation. La gestion de la fin de vie de ces produits est devenue un problème de contamination avec tous les protocoles à respecter dans le domaine médical et sanitaire », explique-t-il.
S’il y a quelques années, on ne pensait pas vraiment à la fin de vie des produits, l’expert soutient que la plus grande difficulté est qu’il n’existe à ce jour que très peu de bases de données relatives à la fin de vie des produits. Et ce, même si chaque masque ou visière et autre matériel à usage unique vient avec un autre emballage de plastique qui a un certain temps de vie.
«Oui, un masque, ça se recycle!»
Dans une liste datée du 22 avril, Recyc-Québec énumère les cinq entreprises ou groupes d’entreprises ayant des options de récupération et de recyclage des masques. Seule Go Zéro (MedSup), une entreprise d’économie sociale se concentre sur le recyclage des masques au Québec. L’un de ses partenaires, Exxel Polymers, est d’ailleurs capable de recycler 40 à 50 millions de masques par jour.
Leur fonctionnement repose sur la vente de boîtes de récupération de carton, destinées aussi bien aux entreprises, aux particuliers qu’aux municipalités ou aux écoles. Elles sont vendues entre 16,49 $ à 1 449,99 $ selon leur taille, et peuvent accueillir de 100 à 10 000 masques. Une fois pleines, elles sont distribuées à des points de collecte puis acheminées par la route vers les installations d’entreprises partenaires qui seront capables de séparer les différents composants des masques: barrette nasale, élastique et carré de polypropylène. Les parties faites de polymère sont déchiquetées et transformées en billes de plastique puis sont revendues à des fabricants qui pourront les faire fondre pour les réutiliser autrement.