De la fin des années 1800 jusqu’en 1996, date de la fermeture du dernier pensionnat autochtone, plus de 150000 enfants ont été arrachés à leurs familles. Après des décennies de ce qui est considéré comme un génocide culturel, les artistes autochtones se battent aujourd’hui pour la survie de leur héritage. Omer St-Onge en fait partie.
Sur la scène de la Maison de la culture Ahuntsic, l’Innu Omer St-Onge a dévoilé, devant un public d’une cinquantaine de personnes, un récit poignant et empreint d’émotion sous le nom de Utei: Récit d’un survivant. L’histoire qu’il a racontée, c’est la sienne. Une histoire qui débute de son enfance dans sa communauté de Maliotenam, sur la Côte Nord, de son vécu dans un pensionnat religieux à son retour dans une famille meurtrie par les blessures du passé. Un monologue qui parle sans filtre de violence sexuelle, d’alcoolisme, de drogue, de suicide, mais qui souligne surtout une chose, la nécessité de soigner son âme pour avancer.
Parler pour rendre hommage
Dans sa loge, après son spectacle, Omer St-Onge se livre sur toute la création de Utei: Récit d’un survivant. Auparavant guide spirituel pour les Autochtones au sein de la Commission de vérité et réconciliation, il a été un témoin privilégié de la manière dont les traumatismes des personnes internées dans des pensionnats étaient traités. « Dès que les Autochtones disaient ce qu’ils avaient vécu, une somme de dédommagement était proposée, par exemple 12000$ pour un viol. S’ils acceptaient la somme, ils devaient ensuite signer une décharge et n’avaient plus le droit de s’exprimer sur leurs agressions. » Choqué, Omer St-Onge décide de ne pas signer les documents : « Je trouvais ça trop dur de ne pas pouvoir en parler, j’avais besoin d’expliquer ce qu’on m’a fait subir. »
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