La langue française est en crise. Une crise qui prend des airs de joutes entre les parties indignées par la modernisation de la langue et celles des progressistes qui la considère comme légitime et essentielle. Qui dit modernisation, dit réformes ; telle, celle de la règle du « masculin l’emporte sur le féminin », face à laquelle se positionne l’écriture inclusive. Et dans l’ombre de cette dernière, d’autres attendent patiemment leur tour. Une belle pagaille linguistique qui soulève les passions et dans laquelle quelques experts en entrevue pour L’Itinéraire ont bien voulu mettre un peu d’ordre. Petit tour d’horizon d’une langue en pleine révolution.
L’écriture inclusive, ce «péril mortel»
En France, la féminisation des titres et des professions n’est toujours pas le réflexe de tous. Tandis qu’au Québec, elle est une évidence sur laquelle l’Office québécois de la langue française (OQLF) travaille depuis la fin des années 70. Un peu exotique? On peut alors imaginer le chaos qui règne lorsqu’on parle d’écriture inclusive. Mais au fait, c’est quoi l’écriture inclusive?
D’elle, on entend dire qu’elle est une menace, comme l’ont déclaré unanimement les membres de l’Académie française en 2017: «Devant cette aberration « inclusive », la langue française se trouve désormais en péril mortel». Le Québec, lui, conserve sa place de leader en la matière. La Ville de Montréal en est un exemple avec l’adoption, en 2020, de l’écriture inclusive pour ses communications. Pourtant, le débat fait rage ici aussi. En mai dernier, Mathieu Bock-Côté, sociologue et chroniqueur québécois, écrivait dans le Journal de Montréal que « derrière l’écriture inclusive, on trouve une forme de féminisme paranoïaque qui se croit en lutte contre la suprématie du masculin dans la langue française. »
Au centre du débat, la fameuse règle du masculin qui l’emporte toujours sur le féminin. L’une des normes clefs du français qui n’a pas toujours existé. Avant elle, les accords pouvaient aussi être une question de proximité, « de voisinage », nommait-on, et ce, depuis la Renaissance. Ainsi, «les hommes et les femmes pouvaient être heureuses», comme le cite en exemple le Point de langue d’avril 2020 de la célèbre équipe Druide, créateur du correcteur Antidote.