Jusqu’à ce que la pandémie l’en empêche, Régent Maltais, 68 ans, faisait, depuis plusieurs années, des road trips dans le Sud-Ouest américain. Au cours de ses pérégrinations, il a été choqué par les écarts de conditions de vie de nos voisins du Sud. « C’est insensé que dans le pays le plus riche du monde, il y ait autant de misère et autant de gens qui vivent dans la rue ! »
S’il est particulièrement sensible à leur sort, c’est que Régent Maltais a connu des épreuves qui ont aiguisé sa sensibilité. « J’ai déjà mené un gros train de vie. J’étais un entrepreneur très en vue ; j’ai fait construire une centaine de condos sur le Plateau, à Montréal. J’avais la Mercedes, le logement luxueux, le standing. Puis, j’ai tout perdu à cause d’un problème de jeu », explique-t-il en toute candeur. Aujourd’hui, l’homme a adopté un mode de vie plus simple et fait « des petits travaux » qui lui ont permis de poursuivre ses voyages dans les régions désertiques du sud de la Californie.
Mais les itinérants qu’il rencontrait en voyage et avec qui il s’entretenait ont eu tout un impact sur lui. Assez pour en faire un projet photographique. Ainsi armé de son téléphone intelligent pour capter leur portrait, jugeant un appareil photo trop invasif, il a découvert des êtres humains gentils et généreux dans le partage de leur histoire. Des gens qui ont échoué dans la rue, faute de filet social adéquat pour les sauver.