Le corps et l’esprit déclenchent toutes sortes de bobos. Certains guérissent avec le temps, quelques pilules, de la rééducation parfois. Pour d’autres, rien n’y fait. Une ablation du mal est le seul traitement envisageable. C’est à cela qu’en est arrivé Samuele, artiste québécois aux prises avec une dysphorie de genre, une souffrance mentale due à l’incompatibilité entre le sexe assigné à la naissance et l’identité ressentie. Alors, comme on le ferait pour soigner un cancer du sein, l’auteur-compositeur et interprète est passé par une mastectomie totale pour retrouver son bien-être mental et la joie de vivre qu’iel exprime en chanson et en poésie dans son album-livret Une paillette dans l’engrenage. Entrevue sans détour avec l’artiste Samuele.
Aujourd’hui Samuele n’est plus elle, mais iel. La paillette, c’est sa joie trans, l’engrenage, c’est le système. En entrevue, l’artiste parle du chemin vers sa transidentité, mais aussi de son état de santé mentale à travers ce parcours : épuisement professionnel, dysphorie de genre, jusqu’à sa mastectomie pratiquée en 2019, grâce à laquelle la joie s’invite de nouveau dans son quotidien.
Samuele, tu parles ouvertement des gestes et lois anti-LGBTQI2S+ et discriminations vécues par ces membres. Ressens-tu vraiment ce monde comme une société qui ne veut pas de toi ?
Oui. Surtout en ce moment aux États-Unis où il y a un bouillonnement anti-trans. Le même genre de mouvement que celui contre les juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Je rappelle que les États-Unis ne sont pas loin de nous et que nos cultures sont connectées. Je sais qu’il y a des gens qui veulent ma joie, mais le système dominant et ses lois ne veulent pas de moi. Les personnes trans vivent des discriminations, de la violence systémique, les soins médicaux ne sont pas appropriés, etc. Le gouvernement n’est pas capable non plus de faire de la place pour le marqueur X (pour signifier le genre de la personne). J’ai réussi à faire changer mon marqueur F pour X, mais tous les papiers que j’utilise au quotidien, c’est toujours un F dessus. Et ça, je ne peux pas le changer. Fait que je me fais appeler madame, partout, tout le temps.
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