On sent que le vent commence à tourner en matière de santé mentale. Bien que le sujet soit encore trop souvent tabou, on en parle de plus en plus ouvertement. Et c’est une très bonne chose.
Il y en a encore pour qui la dépression, l’anxiété et autres troubles de santé mentale sont honteux et signes de faiblesse. Mais il y a des voix de plus en plus nombreuses, fortes et influentes qui viennent invalider cette perception.
Parmi ces voix, nous faisons entendre celle du juge en chef de la Cour suprême, qui est venu à L’Itinéraire s’entretenir avec notre journaliste Alexandra Guellil. Il faut dire que cette visite du juge Richard Wagner a été pour nous une belle marque de respect et nous lui en sommes reconnaissants. Et puis, ce n’est pas tous les jours que l’on accueille une personne de cette envergure, accompagnée d’un agent de la GRC de surcroît, dans nos locaux !
Lors de l’entrevue, le haut magistrat a tenu à briser les tabous, en signifiant, notamment, son appui à son collègue le juge Clément Gascon, dont la disparition temporaire avait fait les manchettes en mai dernier. Souffrant de dépression et d’anxiété, le juge Gascon a été soutenu par ses pairs, qui l’ont encouragé à parler publiquement de sa condition. Ce qui ressort de cette entrevue très intéressante, c’est que la maladie mentale n’empêche pas de mener une brillante carrière, ni d’être un membre à part entière de la société, voire de contribuer à son avancement.
Ces troubles, tout le monde peut les vivre à des fréquences et à des degrés variables au cours de sa vie.
La fatigue, le manque de lumière pendant les mois d’hiver, les coups durs de la vie. Qui, parmi nous, à un moment donné ou un autre n’a pas piqué du nez, fait un burn-out ou est carrément tombé dans la dépression et même songé au suicide ?
Qui, parmi nous n’est pas affecté personnellement, de près ou de loin, par la bipolarité, la schizophrénie ou le syndrome post-traumatique débilitant, pour ne nommer que ces maladies ?
Jusqu’à assez récemment, ces affectations tombaient dans la catégorie de « fou », « débile », « malade mental ». Ce sont des termes qui ne passent plus. On a évolué et c’est tant mieux.
Par ailleurs, vous remarquerez que, dans nos pages, plusieurs de nos camelots et participants témoignent des effets de la maladie mentale dans leur vie. Beaucoup d’entre eux ont trouvé une stabilité et un mieux-être, grâce au milieu de vie à L’Itinéraire. Ici, ils retrouvent aide et compréhension et il y a une absence totale de jugement.
Ça devrait être la norme dans tous les milieux de travail, non ?
Et finalement, je tiens à saluer tous les artistes, gens d’affaires, journalistes, animatrices, travailleurs, pères et mères de familles qui sont « sortis du placard » pour témoigner de leur troubles de santé mentales. Ce faisant, vous déstigmatisez la maladie mentale et aidez ceux qui souffrent et se croient seuls.