Si vous syntonisez le 98,5 FM, sa voix vous réveille certainement chaque matin à l’écoute de Puisqu’il faut se lever. Journaliste passionné par la radio, Paul Arcand a aussi laissé sa marque à l’écran. Celui qui déteste les cassettes et la langue de bois ne fait pas l’unanimité pour autant. Quoi qu’on en pense, on ne peut nier sa crédibilité qui donne un argument massue aux décideurs quasi obligés d’aller à son micro défendre leurs idées. Discussion décomplexée avec l’un des morning men les plus influents de la métropole.
Que représentait la radio quand vous étiez enfant ?
Dans ma famille, l’information a toujours eu une place de choix : mes parents étaient passionnés d’actualités. Je viens de Saint-Hyacinthe, une ville francophone à 99,9 %, et, au décès de mon grand-père, ma grand-mère continuait de recevoir le Montreal Star, un journal anglophone, parce qu’elle estimait important de lire des nouvelles traitées sous un autre angle. À la maison, on regardait les soirées électorales en famille. J’ai su très rapidement que le journalisme m’intéressait. Je voulais raconter des histoires, enquêter et fouiller des sujets.
Racontez-nous votre première fois au micro
J’avais 17 ans et j’étais en emploi dans une station de radio locale. C’était un samedi soir et il n’y avait pas une grande écoute. Dans ces stations-là, on faisait tout : de la lecture de nouvelles à la mise en ondes. Il y avait une programmation musicale préétablie. Quand je suis arrivé dans le studio, j’avais une nervosité dans le propos. Dans ces stations, où la musique occupait le plus d’espace, quand on prenait l’antenne, il ne fallait pas perdre du temps à dire des niaiseries. Je ne stressais pas d’être à la radio, mais bien plus de dire quelque chose qui n’était pas pertinent. Ce qui est fascinant, c’est qu’à l’époque, il n’y avait pas de courriels : on recevait donc des lettres ou des appels. Quand on se souvient de cela, on se rend aussi compte à quel point la radio est un média de proximité par rapport à la télévision : on fait partie de la vie des auditeurs. Quand on fait de la radio, il y a une notion de responsabilité : on se rend compte qu’on doit essayer de ne pas décevoir les personnes qui prennent le temps de nous écouter.
« Je n’ai jamais été capable de foutre mon micro sous le nez de quelqu’un qui vient de perdre son enfant ou son mari. »
Vous souvenez-vous d’un commentaire d’auditeur marquant ?
Les auditeurs me faisaient souvent des compliments sur ma voix ou mes propos qu’ils qualifiaient d’intéressants. Les personnes qui n’aimaient pas pouvaient se plaindre par écrit. Dans la plupart des cas, on n’avait rien à voir avec la plainte, c’était plus lié à la musique. La première fois que j’ai fait l’émission du matin, je remplaçais quelqu’un qui faisait de l’humour. On s’entend que c’était un changement de programmation brutal. Mon tout premier matin, pendant une pause, je réponds au téléphone et j’entends : « c’est correct les nouvelles-là, mais à quelle heure vous allez faire de l’humour ? » J’ai répondu que je ne faisais pas cela et l’auditeur m’a dit qu’il arrêtait de nous écouter. Alors évidemment quand on entend ça, on stresse et on se dit que ça ne marchera pas. C’est à ce moment-là que je me suis dit que je ne prendrais plus jamais le téléphone directement comme je l’avais fait.