On les appelle doués, surdoués, hauts potentiels (HP), enfants précoces ou même parfois zèbres. Derrière ces mots, se cache une réalité complexe, pas toujours bien comprise du grand public.
Étudiée depuis plus de 100 ans, la douance bénéficie, ces derniers temps, d’un regain d’intérêt. En la matière, l’imaginaire du grand public oscille en général entre deux clichés : celui du génie à lunettes surstimulé et suréduqué dont l’avenir semble tout tracé, et celui de l’asocial en échec, incompris par ses proches. Comme souvent, la réalité est plus complexe.
Alors, qui sont vraiment les doués ? Selon les spécialistes, il s’agirait d’abord de ceux dont le quotient intellectuel (QI) est amplement supérieur à la moyenne. En général, cette définition prend en compte les personnes ayant plus de 130 de QI.
Personnalités multiples
Cependant, cette mesure psychométrique ne suffit pas pour qualifier une personne de douée, nuance la Dre Marianne Bélanger, de la Clinique TDAH Montérégie et Douance-Haut-Potentiel. Selon la clinicienne, le travail de détection des doués passe aussi par une évaluation complète, impliquant la recherche de trois ingrédients : « D’abord, on cherche des aptitudes plus élevées que la moyenne, au niveau intellectuel certes, mais aussi au niveau physique (comme le sport) ou perceptuel (l’oreille musicale, par exemple), dit-elle. Ensuite, on tente d’identifier un haut niveau de créativité, pas seulement artistique mais aussi dans la capacité à innover, à trouver des solutions ou à argumenter. Enfin, on va essayer de repérer une grande capacité d’engagement, c’est-à-dire un très haut niveau d’énergie déployé face à une tâche qui se trouve dans leur domaine d’intérêt. »
À ces trois caractéristiques vont s’ajouter des comportements et des inclinations [voir la page suivante] qui vont créer très tôt des personnalités en décalage avec la moyenne des individus.
Pour autant, il serait faux de dire que toutes ces personnes se ressemblent, tant ces traits sont variables d’un doué à l’autre. En fait, montre Mme Bélanger, elles se ressemblent beaucoup moins entre elles que la moyenne des gens : « Ce qui est intéressant, c’est que malgré la douance qu’ils ont en commun, les doués sont plus différents les uns des autres qu’ils ne sont semblables. »
Origines mystérieuses
Ces différences de personnalités entre doués ont contribué à rendre la tâche ardue aux chercheurs dans la compréhension de cette condition complexe.
Encore aujourd’hui, elle demeure très mystérieuse pour la science. Par exemple, on ne connait pas encore avec certitude la ou les causes de ces fonctionnements atypiques, pourtant observés empiriquement depuis des décennies. « On ne sait pas trop d’où ça vient, élabore Mme Bélanger. Des corrélations ont été mises en évidence, bien sûr. On sait par exemple que les enfants dotés de douance ont tendance à avoir un cerveau plus gros, mais ce n’est pas le cas de tous les doués pour autant. »