Notre camelot Yvon s’est rendu à Ottawa et Québec pour couvrir les budgets fédéral et provincial. Lisez ce qu’il a appris dans notre édition du 15 avril, disponible auprès de votre camelot préféré-e. Yvon était accompagné de Miville Tremblay, ex-journaliste et économiste, qui décortique et vulgarise pour nous ces exercices annuels budgétaires.
Les discours sur le budget sont souvent difficiles à décoder, car s’y mélangent des dimensions politique, financière et économique.
L’angle politique: la partie visible de l’iceberg
Dans notre démocratie parlementaire, les partis font campagne en mettant de l’avant leur chef, leur équipe et leur plateforme. Une fois au pouvoir, c’est beaucoup au moment de la présentation du budget qu’ils donnent suite ou non à leurs engagements.
Bien entendu, ils cherchent légitimement à plaire à leur base électorale en remplissant des promesses phares. Toutefois, les gouvernements doivent aussi se montrer sensibles aux innombrables demandes de groupes d’intérêt très variés, d’où la tentation de multiplier les petites annonces, souvent qualifiées de saupoudrage.
D’où vient et où va l’argent ?
Un budget révèle où le gouvernement ira chercher l’argent pour financer ses activités: impôts, taxes et revenus des sociétés d’État. Dans le cas des provinces, une part importante de leurs revenus provient aussi des transferts du gouvernement fédéral. Si ces revenus sont inférieurs aux dépenses, le déficit sera comblé par des emprunts. Ceux-ci financeront également la plus grande partie des investissements en infrastructures, qui font l’objet d’une comptabilité spéciale.
Le budget présente aussi la répartition des dépenses pour chacune des grandes missions de l’État, mais c’est dans un document distinct appelé crédits que l’on retrouve les sommes allouées à chacun des ministères.
De nombreux tableaux expliquent la situation financière du gouvernement, notamment l’évolution de sa dette, créée par le cumul au cours des ans des déficits et des investissements en infrastructures. On y compare généralement la dette à la taille de l’économie et on y analyse son caractère soutenable ou non.
Quelle que soit la couleur du gouvernement, la très grande majorité des dépenses revient d’une année à l’autre, plus ou moins indexée à l’inflation. Les nouvelles initiatives, touchant les taxes ou les dépenses, ne représentent qu’une toute petite partie du budget, car la marge de manœuvre des gouvernements est généralement mince. Même les grandes annonces qui retiennent l’attention sont souvent réparties sur plusieurs années.
Un document économique
Enfin, le budget indique comment le gouvernement entend favoriser la croissance économique. C’est souvent l’occasion de présenter dans des documents distincts de nouvelles politiques touchant des aspects particuliers de l’économie, comme la formation de la main-d’œuvre, par exemple.
Un budget peut également avoir un impact sur l’ensemble de l’économie, en raison d’un changement significatif dans la taille du déficit ou du surplus budgétaire. Un déficit accru de manière délibérée stimule la croissance (jusqu’à un certain point), tandis qu’un plus grand surplus (ou un plus petit déficit) peut ralentir la croissance. Mais ces changements dans le solde budgétaire sont délicats à interpréter, car ils sont aussi reliés aux changements observés dans la croissance de l’économie. Dit plus simplement, le budget influence l’économie, mais en retour l’économie influence le budget.
Les discours sur le budget sont des événements importants, car ils reflètent tant bien que mal les choix démocratiques faits lors des élections. De près et de loin, ils touchent la vie de tout un chacun.