Cinq partis convoitent la tête du gouvernement. Le 3 octobre, les citoyens vont devoir choisir entre le parti en place, le « nouveau » Parti conservateur du Québec, les Libéraux, Québec solidaire et le Parti québécois. Quelques jours avant le lancement officiel de la campagne, L’Itinéraire a questionné quatre des cinq chefs de partis en tête sur les mêmes sujets préoccupants. Entre autres : l’urgence climatique, l’itinérance, la crise du logement, la santé, les relations avec les nations autochtones.
Rien ne change en politique a-t-on constaté. Sur des questions qui devraient être exemptes de toute partisanerie, les partis arrivent quand même à tirer chacun la couverture de leur côté, bien que certains proposent des solutions presque identiques sur des enjeux incontournables. En tête à tête avec deux camelots et l’équipe de rédaction du magazine, les « prétendants » ont eu un temps équitable pour exposer leurs priorités pour les quatre prochaines années. Tous, sauf un, François Legault, dont le parti a décliné nos nombreuses invitations.
Quelles mesures prévoyez-vous pour aider le Québec à atteindre ses objectifs de carboneutralité en 2050 ?
Parti Québécois
Il y a deux manières de sortir du pétrole en plus de sortir les pétrolières du territoire : augmenter de beaucoup l’offre de transport collectif et élever le seuil de vente de véhicules électriques, actuellement à 11 % des ventes totales de véhicules, alors qu’en Allemagne ou dans les pays scandinaves, il est autour de 30 %. Faire la transition vers l’électrique implique aussi un important investissement de l’État. On s’engage à sortir 1 G $ annuellement du Fonds des générations [fonds pour réduire la dette publique, estimé à 19,1 G $ en mars 2023] pour permettre aux entreprises de réaliser la transition. On consacrera 1 % [ soit 1,35 G $ environ ] du Plan québécois des infrastructures en dépenses de verdissement des villes et d’adaptation de l’urbanisme. Le tout pour réduire de 45 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030. Enfin, rappelons que pour plusieurs questions environnementales, le fédéral nous empêche de nous responsabiliser et de mettre de l’avant des solutions. En ce sens, l’indépendance, souvent présentée comme un projet ludique, serait une bonne chose.
Québec solidaire
On a accumulé un retard inacceptable sur le plan des changements climatiques. Alors on s’est donné un objectif ambitieux : 55 % de réduction de GES d’ici 2030. La pièce maîtresse de notre plan est un énorme chantier de transports collectifs. Ce seront des investissements historiques et l’objectif est clair : pouvoir se déplacer d’un point A à un point B sans prendre la voiture, peu importe d’où on part, d’ici quelques années. Ça sous-entend plusieurs alternatives à la voiture, selon les régions : le métro, le tramway, des circuits d’autobus rapides, l’autopartage, dans certains quartiers, ce sont les transports actifs… On parle aussi d’écofiscalité intelligente qui récompense les gens qui font des choix écologiques et décourage ceux qui en font des moins écologiques. Ce qu’on a besoin de faire en termes de transport en commun au Québec, c’est le plus grand chantier depuis Hydro-Québec. Quand on a fait la Révolution tranquille on a mis les sous sur la table. Eh bien les changements climatiques, c’est un défi au moins aussi important que la Révolution tranquille, sinon plus. Il faut arrêter de tourner autour du pot, parce que la planète, elle, ne va pas bien.
Parti libéral du Québec
On doit développer ce qui sera, comme notre eau, une véritable mine d’or, et je parle de l’hydrogène vert. L’État doit prendre le contrôle de cette filière. Si on n’embarque pas maintenant, on risque de manquer le train. L’hydrogène vert pourrait potentiellement, et il reste beaucoup de développement à faire, remplacer 35 % de notre consommation actuelle d’hydrocarbures. Donc l’impact est spectaculaire. C’est notre projet ÉCO. ÉCO pour écologie et économie. Aussi, pour nous, dans le contexte où tout le monde a de la misère à joindre les deux bouts, on ne prévoit pas d’interdire ou de pénaliser davantage. Par contre, on propose la gratuité des transports en commun pour les étudiants et les aînés. On veut et on doit favoriser ce type de transport dans nos villes, mais aussi dans les municipalités qui doivent offrir des alternatives à l’automobile. L’État québécois a aussi la responsabilité de se regarder en face et d’agir conséquemment. Le parc automobile du gouvernement, par exemple, il ressemble à quoi ? Si l’État se balance de la santé des gens dans les régions minières, pourquoi les individus seraient-ils interpellés par un projet collectif ? Il faut réunir tous les acteurs à la même table. Il est plus que temps d’avoir un grand forum au Québec sur le sujet, un genre de COP Québec.
Parti conservateur du Québec
Nous avons zéro objectif de carboneutralité. Le population est rendue cynique et c’est contre-productif d’annoncer des cibles et de ne pas les atteindre. Notre dépendance aux hydrocarbures va durer encore quelques décennies, la transition ne se fera pas en 24 heures. Oui, il y a plus de véhicules utilitaires sports sur nos routes, mais les émissions diminuent à chaque décennie grâce aux nouvelles technologies. On croit fortement en la technologie. Et pour nous, il est temps d’exploiter nos hydrocarbures ici au Québec et d’être autosuffisants en matière énergétique. On appuie le projet GNL Québec, par exemple. Pour nous l’acceptabilité sociale était au rendez-vous. On propose aussi un projet pilote de transport en commun gratuit dans la région de Québec. Si on élimine l’aspect du coût, on pourrait donner un répit aux usagers du transport en commun qui sont plus défavorisés économiquement en général.
Coalition Avenir Québec
Silence radio…
Le gouvernement ne devrait-il pas avoir l’obligation d’assurer le financement de fonctionnement des organismes communautaires ?
Parti Québécois
Le financement doit être rehaussé et donné à la mission pour qu’il devienne récurrent et que les organismes ne soient pas toujours en train de remplir de la paperasse. On laisse alors à leur discrétion, la décision de comment utiliser l’argent au lieu de leur dire comment ils doivent intervenir s’ils veulent un peu de financement. La position est connue: nous sommes favorables à un financement de 430 M $ par année, et c’est notre engagement. Évidemment, c’est du cas par cas. Par secteur, la réponse ne sera pas la même. Mais l’orientation générale est de sécuriser un financement à la hauteur de la demande des organismes. Dans un deuxième temps, Il s’agit d’éliminer toutes les formes de financements qui dépendent de « cases à cocher » et qui ne laissent aucune latitude. On a du travail à faire avec les organismes. Qu’est-ce que va faire le gouvernement du Parti Québécois au jour Un ? Il va s’asseoir avec les représentants du communautaire pour discuter des objectifs à atteindre et écouter les recommandations par secteur.
Québec solidaire
À Québec solidaire, on pense que le mouvement communautaire au Québec, c’est une des grandes richesses de la société. Malheureusement depuis des années, il est sous-financé et mal financé. Je pense cependant que la pandémie nous a ouvert les yeux sur le fait que la société échappe plein de monde quand le mouvement communautaire est ébranlé. Il est temps que le gouvernement reconnaisse ça et finance les organismes à la hauteur de leur mission et de leur contribution au Québec. Nous, on va le faire. Ça fait partie de notre ADN depuis 15 ans. Il faut donc financer de manière récurrente, et à la mission pour que les organismes puissent se concentrer à aider les gens plutôt qu’à passer des dizaines et des dizaines d’heures à courir après l’argent, en faisant des demandes de subventions ou des redditions de comptes.
Parti libéral du Québec
Nous devons financer davantage les organismes communautaires à la mission. Le manque de financement, ou le mode de financement des organismes, n’est pas étranger à la violence qu’on observe dans nos rues. Je viens du milieu économique, je ne m’en cache pas. Mais parallèlement, je me suis toujours impliquée dans les organismes qui oeuvrent auprès des plus vulnérables. Je me rends compte à quel point on ne questionne pas certaines subventions que l’État envoie aux compagnies privées, mais qu’on demande énormément de justifications sur les enveloppes envoyées au communautaire. On ne questionne pas l’enveloppe de 200 millions au privé, mais il faut que les organismes justifient de manière très détaillée leur subvention de 50 000 $. Il y a comme un débalancement. Je veux aussi rappeler que la majorité des employés de ce secteur sont des femmes, c’est important de le souligner.
Parti conservateur du Québec
Ça peut paraître bizarre qu’on se positionne comme allié du communautaire au Parti conservateur, mais on se fie aux résultats. Les organismes sont beaucoup mieux placés pour intervenir que les bureaucrates et le gouvernement lui-même. Ça coûte une fraction du prix et ils ont une indépendance par rapport au gouvernement qui est nécessaire. Il faut du financement récurrent et permanent, donc du financement à la mission.
Coalition Avenir Québec
Silence radio…