JOSÉE PANET-RAYMOND
ÉDITRICE ADJOINTE ET RÉDACTRICE EN CHEF
Avez-vous hâte de vieillir ? Moi non plus. Du moins, pas dans les conditions actuelles au Québec !
Comprenez-moi bien. Quand je parle de vieux, ce sont ceux qui ont au-delà des 70 ans. Et encore, parce que de nos jours, « 70 is the new 50 »…
Quand on regarde bien les choses, vieillir c’est un privilège. Un privilège d’avoir accumulé une vie remplie d’expériences, d’apprentissages, de relations, de rencontres enrichissantes, d’événements marquants, voire historiques. C’est d’avoir surmonté des épreuves et survécu à des drames, des peines et des malheurs. C’est d’avoir vu grandir des enfants et de les voir voler de leurs propres ailes. C’est d’avoir le bonheur de les voir devenir parents à leur tour.
Bon, je ne suis pas en train de vous écrire une carte Hallmark, là. Mais il n’en reste pas moins que vieillir a ses bons côtés.
Si jeunesse savait
En opposition aux jeunes, qui, bien qu’ils sont en plein dans la belle effervescence des amours passions, dans la découverte du monde et les défis professionnels, qu’ils ont le sentiment d’être éternels, ils vivent souvent l’envers de ces expériences. L’angoisse de la performance, l’anxiété de la perception des autres (surtout à l’ère des médias sociaux) sont, pour la plupart, des passages douloureux de la vingtaine, de la trentaine, voire de la quarantaine.
Rendus septuagénaires les vieux, en général, s’en foutent de ce que les autres pensent de leur apparence. Ils n’ont plus la pression du rendement au travail. Ils n’ont pas le stress de courir à droite et à gauche pour faire leurs preuves. L’expérience qu’ils ont accumulée leur fait sauver du temps, puisqu’ils connaissent le chemin. Ça vaut quand même quelque chose !
Et pourtant trop de personnes plus jeunes ne tiennent pas compte de cette expérience et de cette sagesse amassées au fil des ans. C’est comme si, parce qu’on a des rides, qu’on est voûté, qu’on a la démarche ralentie et la mémoire parfois défaillante, on n’est plus digne d’intérêt, voire de respect.
Je me souviens d’avoir eu une conversation très intéressante avec une dame d’environ 75 ans à un souper auquel assistaient des gens beaucoup moins âgés qu’elle. Alors que les plus jeunes s’adressaient à la vieille dame avec des propos convenus et superficiels, elle et moi avons jasé comme si nous étions deux amies, sans égard aux années qui nous séparaient. Plus tard, sa fille m’a répété à quel point elle avait été contente de notre conversation. Contente que quelqu’un s’intéresse à elle et tienne compte de son intelligence. Eh bien ça devrait aller de soi !
Si on avait été en Afrique, en Asie ou dans un pays où l’on respecte et vénère les aînés, cette personne aurait occupé une place toute aussi importante à la table, sinon plus. Mais en Occident, malheureusement, ce n’est pas toujours le cas.
D’anciens jeunes
Bien sûr, il y a plein de gens qui ont du respect pour les personnes âgées et ne les traitent pas comme de vieux enfants. Mais il est quand même désolant de voir certaines personnes s’adresser aux vieux comme s’ils étaient légèrement débiles. Par exemple certaines préposées dans les maisons de retraite qui utilisent à peu près le même ton et langage qu’on utilise dans une garderie : « Allez Madame Tremblay, venez-vous en avec nous, là, on va jouer une BELLE PARTIE DE BINGO ! » Que la vie me préserve de me rendre là !
Alors qu’est-ce qu’il faudrait pour bien vieillir ?
D’abord et avant tout : la santé ! Le mieux, c’est de demeurer actifs, de bien manger, de s’épanouir culturellement et sur le plan affectif, d’avoir des amis, des amours et je le répète : être en santé. Mais ça, on n’a pas toujours le contrôle sur la vie, n’est-ce pas ?
Et puis, aussi très important : se sentir utile, avoir une raison de se lever le matin.
Dans ce numéro, nous entretenons une conversation sur le vieillissement, l’une que nous souhaitons poursuivre. N’oubliez jamais : les vieux… ce sont d’anciens jeunes. On va tous passer par là.